2020
Cairn
Clément Deshayes et al., « « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés » : répression et violence structurelle au Soudan », Pôle Sud, ID : 10670/1.zl6b35
À partir de « trajectoires de répression » de militants opposés au régime soudanais de l’Inqaz (1989-2019) et d’une enquête ethnographique, l’article se propose d’étudier le « système répressif » de cette situation autoritaire. Il mobilise à cette fin le concept de continuum de la violence qui met en évidence les interactions entre violence d’État, violence structurelle et violence interpersonnelle et permet de questionner l’idée d’une violence propre au régime. L’analyse de la mise en œuvre de la violence d’État démontre la grande porosité de celui-ci aux hiérarchies sociales établies au cours du processus de construction postcoloniale de l’État. Le projet civilisationnel fondé sur l’arabisation et l’islamisation de la société porté par l’Inqaz provoque toutefois une reconfiguration des liens entre violence structurelle et violence d’État, cette dernière se déployant à travers un ensemble de pratiques d’humiliations et de violences quotidiennes. La répression est enfin une relation sociale dont le déroulement est défini en partie par l’autonomie limitée de l’appareil répressif aux normes et hiérarchies régissant la société dans son ensemble.