Indépendance énergétique et désengagement du Moyen-Orient : Deux ambitions américaines à l’épreuve de la chute des prix du pétrole

Résumé Fr En

L’essor de la production américaine d’hydrocarbures non conventionnels (pétrole et gaz de schiste) à la fin des années 2000 a favorisé l’apparition de l’idée de l’indépendance énergétique des États-Unis. Conjuguée au développement de la politique du pivot asiatique amorcée fin 2011, aux dissensions avec l’Arabie saoudite du fait des impacts des processus révolutionnaires dans le monde arabe et aux tentatives de rapprochement avec l’Iran, cette idée a également fait émerger la thèse d’un désengagement américain du Moyen-Orient. Devenus autosuffisants, les États-Unis n’auraient ainsi plus à se consacrer à la préservation – coûteuse – de la stabilité régionale. Mais ces éléments sont-ils suffisants pour voir les États-Unis rompre avec une des lignes directrices historiques de leur politique étrangère ? À la lumière, entre autres, de la chute des cours du brut amorcée en juin 2014, il semble nécessaire d’examiner plus en profondeur cette révolution énergétique américaine et ses conséquences, tant économiques que géopolitiques.

Energy independence and withdrawal from the Middle EastThe rise in US production of shale oil and gas in the late 2000s led to the emergence of a belief in the US energy independence. Added to the development of the Asian pivot policy initiated in 2011, the tensions with Saudi Arabia linked to the Arab Spring and the attempts to cooperate with Iran, this idea also brings out the thesis of an US withdrawal from the Middle East. With energy self-sufficiency, the United States would no longer have to assume the – expensive – p reservation of regional stability. But are these elements sufficient to see the US giving up one of their historical foreign policy guidelines? Considering the collapse of oil prices since June 2014, it seems necessary to further examine this American energy revolution and its economic and geopolitical consequences.