2008
Cairn
Solenn Dupas, « Poétique et politique de l'allégorie en vers : à propos du « Monstre » de Verlaine », Romantisme, ID : 10670/1.zn35gj
Verlaine a longtemps été considéré comme un poète en marge de l’Histoire. Il est vrai qu’il n’a pas manqué de critiquer les attitudes doctrinaires conduisant à sacrifier l’exigence artistique au nom des idéologies. Pour autant son œuvre est loin de reposer sur une poétique du désengagement. Nombre de ses premiers vers articulent des ambitions esthétiques et éthiques sous le signe de la révolte. Ses monstres allégoriques témoignent par exemple d’une réappropriation de la caricature antibonapartiste. En ancrant ces figures dans des cadres circonstanciels tendant à l’indétermination, Verlaine se montre soucieux d’universaliser la dénonciation de la tyrannie. Et surtout il use des ressources du langage poétique pour conférer un pouvoir suggestif aux motifs tératologiques. Il inscrit ainsi la révolte au cœur même du processus créatif.