2024
Cairn
Sylvain Carras, « Actualités dans le lymphome folliculaire », Hématologie, ID : 10670/1.zo3k3p
Le lymphome folliculaire (LF), deuxième lymphome le plus fréquent en Europe, représente un enjeu quotidien pour la plupart des hématologues, biologistes et anatomopathologistes. Ces dernières années ont vu apparaître plusieurs évolutions, depuis le diagnostic jusqu’aux stratégies thérapeutiques, pour lesquelles il semble que nous arrivions à un tournant majeur. Nous discuterons ici des avancées de ces dernières années et des perspectives à venir dans le LF. Concernant les critères diagnostiques, la dernière classification provisoire de l’Organisation mondiale de la santé 2022 propose un certain nombre de modifications, dont la disparition du grading, basé sur le taux de centroblastes par champs pour les LF de grade 1 à 3A. Les LF de grade 3B pourraient disparaître au profit de la terminologie « LF à grandes cellules ». Si certains de ces éléments restent débattus, leur adoption future nécessiterait une attention particulière de tous pour éliminer toute ambiguïté diagnostique et offrir une prise en charge optimale des patients atteints de FL. Sur le plan pronostique, suite à l’intégration du scanner par émission de positons (TEP-scanner) dans l’évaluation initiale, l’intérêt de la biopsie ostéomédullaire semble s’amenuiser, et celle-là devrait perdre sa place dans la pratique quotidienne hors essai clinique. Sur le plan thérapeutique, les dernières années ont vu le recul de la chimiothérapie et la confirmation de l’intérêt de l’immunothérapie et des thérapies ciblées (lénalidomide, tazémétostat et zanubrutinib). Si l’immunochimiothérapie reste recommandée en première ligne, l’association d’anti-CD20 et de lénalidomide a montré sa non-infériorité dans cette indication et s’affirme comme un standard de traitement en deuxième ligne. Immédiatement après, en troisième (pour le tisagenlecleucel) et quatrième ligne (pour l’axicabtagène ciloleucel), les cellules T à récepteur antigénique chimérique (CAR-T cells) s’imposent comme l’option n° 1 avec, en plus, le développement du lisocabtagène maraleucel, qui montre des résultats impressionnants en deuxième ligne de traitement. Parmi les autres options, les anticorps bispécifiques anti-CD20-CD3 (mosunétuzumab, epcoritamab et odronextamab) ont montré des résultats enthousiasmants chez des patients lourdement prétraités et vont pouvoir être évalués dans le cadre d’essais cliniques, en première ligne chez les patients atteints de LF de forte masse tumorale, en association à la chimiothérapie ou au lénalidomide.