1 mars 2022
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Mireille Berton, « Femme, es-tu là ? Médiums spirites, genre et cinéma », Serveur académique Lausannois, ID : 10670/1.zoas4l
Émergeant au milieu du 19e siècle, le mouvement spirite, convaincu de la survivance de l’âme après la mort, place les femmes au centre de sa doctrine et de sa pratique. La vogue des tables tournantes qui envahit les pays occidentaux fait surgir, parmi les participants, certains individus qui semblent faciliter, plus que d’autres, la circulation du «fluide» nécessaire à la communication avec les esprits. Parmi eux, de nombreuses femmes et adolescentes vont s’employer à révéler l’existence d’une population d’êtres spirituels attestant d’une solidarité entre les vivants et les défunts. Pourtant, ces femmes sont aussi, à plusieurs niveaux, frappées d’invisibilité: elles deviennent de simples instruments dans les mains de savants les soumettant à toutes sortes de tests dans les laboratoires de sciences psychiques; elles se cachent sous d’épaisses étoffes afin de canaliser au mieux leurs énergies (Baudouin 2020); ou encore elles disparaissent derrière les fantômes auxquelles elles confèrent une consistance. Comment comprendre cette place paradoxale des femmes – à la fois au centre et à la périphérie du mouvement spirite –, alors même qu’elles vont gagner, grâce à celui-ci, une nouvelle visibilité sur la scène sociale?