Crime et tabous dans les séries ramadanesques en Tunisie

Résumé En

Le cinéma tunisien a connu un âge d’or dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix avec des titres comme Halfaouine, L’enfant des terrasses (Férid Boughedir, 1990), Les silences du palais (Moufida Tlatli, 1994), ou encore les films réalisés par Nouri Bouzid : L’homme de cendres (1986), Les sabots en or (1988), Bezness (1991).Après une grande phase de stagnation, le cinéma tunisien rencontre aujourd’hui un nouvel essor. Ce foisonnement artistique se traduit notamment par une augmentation des productions cinématographiques et par une diversification des styles et des esthétiques. Dans la lignée d’uncinéma qui a, très tôt, été jalonné par la question des tabous moraux, nous assistons à l’avènement de filmographies qui osent interroger la société sur les contraintes et les barrières qu’elle pose au développement de l’individu comme dans les films, Les secrets de Raja Amari (2009), ou encore Hédi un vent de liberté (2016). Ces nouvelles réalisations commencent à avoir un large impact et se voient souvent attribuer des prix dans des festivals internationaux.Le renouveau du secteur est également visible dans le champ de la production des séries ramadanesques. Comme dans plusieurs autres pays arabes, le mois de ramadan constitue ainsi un enjeu financier de taille pour les chaînes télévisuelles. Ces séries, produites pour êtrediffusées spécifiquement durant cette période, rassemblent souvent un audimat considérable et peuvent être observées comme un véritable phénomène de société. Tel est le cas des séries Nouba de Abdelahamid Bouchnak, El Foundou de Saoussen Jemni, El Harka de LassadOueslati. Le succès de ces séries l’année 2021, a, ainsi, été l’occasion d’en poursuivre la trame durant une deuxième saison cette année.Maîtrisant les codes et références du film noir, les jeunes réalisateurs de ces feuilletons, emploient l’élément du crime pour l’échafaudage des nœuds dramatiques qui permettent de tenir en haleine les spectateurs.Mais ce qui est notable, est la manière dont ces réalisateurs se saisissentde cet élément du crime pour mettre en lumière les tabous et points de crispation (sociale, culturelle et politique) de la société tunisienne. Nous pouvons citer à titre d’exemple le feuilleton Baraa, dernière production de la chaîne télévisuelle privée El Hiwar Ettounsi qui a défrayé la chronique en abordant la question de la polygamie et du mariage coutumier, pratiquesinterdites en Tunisie.Cette communication se propose ainsi de mettre en lumière la manière dont le cadre du film noir est employé ou détourné pour servir de baromètre et de révélateur des évolutions sociétales

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