Croyances masculines et tactiques féminines : l’économie de l’entremise matrimoniale globalisée

Résumé Fr

Les sites de rencontre existent maintenant depuis de nombreuses années et se démocratisent, ils introduisent une forme de rationalisation de soi, par des récits originaux mais aussi des mises en scène individuelles attractives. Si Marie Bergström a souligné une mise à distance du corps dans son analyse de l’usage des sites de rencontres, elle a aussi mis en avant que l’importance accordée à l’apparence ne diminue pas pour autant. S’inscrire sur un site de rencontre implique donc une mise en mot de son apparence souvent appuyée de photographies et cette pratique n’est pas montrée du doigt, on observe au contraire sa démocratisation. Or, certains sites de rencontre, certaines plateformes provoquent toujours des réactions sociales, c’est le cas des sites de rencontre internationaux et de ceux des agences matrimoniales internationales. Ils ont la particularité de mettre en scène en premier lieu l’image du corps des femmes et c’est cet aspect qui dérange particulièrement la pudeur occidentale. Contrairement aux sites de rencontre français qui nécessitent une inscription pour pouvoir accéder aux profils d’hommes ou de femmes, certains de ces sites ne nécessitent pas d’inscription et il est ainsi possible de consulter un catalogue de femmes en naviguant sur le site dédié. Cet accès facilité à l’image et aux corps des femmes, qui apparaissent comme des produits, met en lumière des stratégies commerciales et comme d’autres recherches l’ont déjà abordé, ces stratégies commerciales réifient les femmes en les essentialisant et les racialisant. Sexistes et racialistes, ces sites ne sont toutefois qu’une interface derrière lesquelles agissent une multiplicité de femmes, adhérentes ou professionnelles, et des hommes, principaux clients de l’entremise matrimoniale globalisée. Cette communication aura pour objectif de dépasser la vitrine virtuelle pour accéder aux pratiques et au discours de ce phénomène dont l’économie se base, d’une part sur des idéologies genrées et, d’autre part, sur des espoirs masculins de relations intimes à l’appui de la mise en scène du corps des femmes.