2014
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Mickaël Bruckert, « La « transition alimentaire » de l’Inde : une hypothèse erronée ? Le changement alimentaire au prisme de la consommation de viande », Les Cahiers d’Outre-Mer
Les termes « transition nutritionnelle » et « transition alimentaire » ont été proposés pour décrire dans les pays émergents le passage d’une alimentation riche en céréales à une alimentation riche en graisses et protéines animales. Cette évolution est souvent perçue comme un aspect de l’occidentalisation des modes de vie. Pourtant, l’Inde présente à bien des égards un modèle de transition différent. Si la consommation de céréales y est effectivement en baisse, celle de produits laitiers reste réduite et celle de viande est très faible (en moyenne 5 kg par personne par an). En théorie, la prégnance de l’ethos hindou et l’inscription subséquente de l’alimentation dans une symbolique bio-socio-cosmique tendent à freiner l’évolution des pratiques. Si une ethnographie des habitudes alimentaires au Tamil Nadu atteste de l’apparition de nouveaux produits et de l’importance croissante des restaurants, elle souligne aussi la permanence des pratiques quotidiennes au domicile. Surtout, elle met en exergue les nombreuses contraintes économiques, médicales, sociales, culturelles ou politiques qui président aux représentations afférentes à la viande et en limitent la consommation. L’exception indienne au modèle de la transition alimentaire rappelle le fort potentiel symbolique que véhicule l’alimentation dans les sociétés.