2009
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Jean Bertrand, « À propos de la Rhétorique d’Aristote (I, 1373b 1-1374b 23), analyse du processus judiciaire. IV. Épieikeia », Cahiers du Centre Gustave Glotz (documents), ID : 10.3406/ccgg.2009.1688
Quatrième et dernier article d’une série consacrée à l’explication d’un chapitre de la Rhétorique d’Aristote, il traite de to épieikès, hè épieikeia, l’équitable, l’équité. Le texte est mis en parallèle avec divers passages de l’Éthique à Nicomaque (1137b 23-1138a 3 notamment) dont la difficulté a suscité des commentaires modernes divergents qui sont analysés. L’équité n’est pas la négation du droit car sa pratique s’y inscrit. L’équitable pour le plaideur est de ne pas pousser son avantage au delà du raisonnable, pour le juge de ne pas utiliser sa science juridique pour écraser le coupable au delà du nécessaire. La justice a pour fonction d’assurer la paix sociale et politique dans la cité de telle sorte que le jugement correct est celui qui se fonde fermement sur le droit tout en répondant aux besoins du moment. Les propositions d’Aristote semblent avoir inspiré la pratique des cités de l’époque hellénistique qui ont fait appel dans les moments de crise à des juges étrangers pour arbitrer les conflits entre leurs citoyens plutôt que pour y désigner par le prononcé de sentences les vainqueurs d’un affrontement procédural de telle sorte qu’ils rétablissaient l’harmonie dans le corps politique.