1978
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Georges Mond, « Les nouvelles constitutions de l''U.R.S.S. et de la Chine comparées aux récentes lois fondamentales de la Pologne et de l'Albanie », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.1978.2184
Avec la promulgation, le 7 octobre 1977, de la quatrième constitution de l'Union Soviétique, de la troisième constitution chinoise (le 5 mars 1978) et des modifications constitutionnelles intervenues en Pologne (le 10 février 1976) et en Albanie (le 28 décembre 1976), l'ensemble des pays socialistes s'est doté d'un nouveau cadre constitutionnel. Ce cadre confirme formellement le rôle légalement « eminent » de TU.R.S.S. dans le monde (sauf en Chine) et en Europe de l'Est en particulier (sauf en Albanie, en Roumanie et en Yougoslavie). Les textes en question dressent l'inventaire socialiste des droits et libertés généralement interdépendants des obligations et devoirs des citoyens, droits toujours limités par l'emploi de clauses restrictives qui imprègnent cet édifice constitutionnel socialiste. Ces constitutions insistent davantage sur le rôle dirigeant du parti et à ce propos elles font apparaître une contradiction qui a été parfaitement saisie dans la note introductive de la Journée d'Etude à l'Association Française de Science Politique par Hélène Carrère d'Encausse et Michel Lesage. Cette contradiction saute aux yeux dans le texte albanais lorsqu'on lifl : «L'Assemblée populaire est l'organe suprême du pouvoir d'Etat et le représentant de la souveraineté du peuple (art. 65) et, ensuite, « L'Assemblée populaire est investie des principales attributions suivantes : elle définit, conformément à la ligne générale et aux directives du Parti du travail d'Albanie, les principales orientations de la politique intérieure et extérieure de l'Etat » (art. 66). La Constitution soviétique maintient, en principe, l'ancien édifice constitutionnel en y ajoutant des déclarations nombreuses au sujet des droits des citoyens et en les encourageant à participer plus activement aux débats, à la gestion des affaires publiques, en élevant le droit à la critique, aux plaintes et réclamations au niveau constitutionnel. Bien qu'il soit difficile de conclure à l'identité ou même à la ressemblance trop poussée des quatre textes considérés, il semble pourtant que la loi chinoise contient beaucoup d'éléments nouveaux, directement ou indirectement inspirés par la Constitution de 1'U.R.S.S. Ce document du 5 mars 1978 s'éloigne quelque peu du texte précédent de 1975, ainsi que du texte albanais de 1976, en introduisant (ou en accentuant) des stipulations d'ordre légal, en développant les droits des citoyens à la participation, en les encourageant aux critiques institutionnalisées par la voie des Dazibao, sans parler de la forme supérieure de critique : la grève toujours constitutionnellement admise en Chine, contrairement aux trois autres pays considérés. La question reste toutefois posée quant à la conformité entre la lettre de ces lois fondamentales et la réalité de leur application.