2000
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Martin Rama, « Déséquilibre salarial dans les pays de la zone CFA : les politiques de l'emploi sont-elles responsables ? », Revue d'économie du développement, ID : 10.3406/recod.2000.1048
Les rigidités de salaires résultant de politiques de l'emploi distortionnaires apparaissent comme une explication logique de la surévaluation du Franc CFA suite aux chocs extérieurs défavorables des années 1980. À partir de données d'origines diverses, cet article évalue les rigidités de salaires dans les pays de la zone CFA pour la période précédant la dévaluation de 1994, et essaie de déterminer si les politiques du marché du travail en sont la cause. L'article montre que les salaires étaient élevés dans les pays de la zone CFA, à la fois par rapport aux salaires de pays avec des caractéristiques semblables et par rapport aux revenus du travail non salariaux d'individus avec des caractéristiques semblables au sein des mêmes pays. Il montre également que les salaires étaient rigides en termes réels, au sens où ils suivaient de près les variations des salaires de l'État et des prix à la consommation, mais il ne trouve pas de preuve que les salaires étaient rigides en termes nominaux. Les politiques de l'emploi pourraient donc ne pas être à l'origine du déséquilibre des salaires et de leur rigidité réelle. Dans une perspective internationale, les salaires minimums n'étaient pas suffisamment élevés pour provoquer un déséquilibre salarial important. En outre, leur ajustement dans le temps a été sensible aux chocs réels. Les syndicats du secteur privé, quant à eux, semblaient plutôt un facteur de modération que de dérive salariale. Leurs membres avaient en général des salaires plus faibles que des travailleurs avec des caractéristiques semblables mais non syndiqués, ce qui reflète probablement leur caractère «subordonné». Les explications les plus vraisemblables du déséquilibre salarial dans les pays de la zone CFA pour les années 1980 et le début des années 1990 sont donc les politiques salariales dans le secteur public, voire les entraves à la concurrence sur le marché des biens.