9 septembre 2024
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Corinna Onelli, « Traduire la satire : Il Divortio celeste et Ferrante Pallavicino en France de 1643 à l’an III », Pratiques et formes littéraires, ID : 10.35562/pfl.721
Cet article s’interroge sur les raisons du remarquable succès que connut en France le libelle satirique anonyme intitulé Il Divortio celeste (1643) qui raconte comment Jésus a décidé de divorcer de l’Église catholique. Envoyé sur terre pour recueillir des preuves contre l’épouse infidèle, saint Paul s’entretient avec plusieurs personnages représentatifs de la société italienne de l’époque qui dénoncent unanimement la corruption de la cour de Rome et la cupidité du pape Urbain VIII. Aujourd’hui, le libelle est couramment attribué à Ferrante Pallavicino, écrivain que le pape fit exécuter en 1644. Il Divortio a été très rapidement traduit en français dans deux versions différentes en 1644, dont l’article met en relief la nature « véhiculaire », avant de s’interroger sur le rapport temporel entre une information politique et son élaboration satirique, notamment en ce qui concerne la guerre de Castro (dernier chapitre du Divortio). L’article présente ensuite la traduction du libelle de 1696. Le traducteur, appartenant au cercle de Pierre Bayle, essaye de masquer la charge anticléricale du Divortio, en le présentant par prudence comme un libelle diffamatoire ancré dans le passé. À l’inverse, dans son ultime version en français qui date de l’an III de la Révolution (1794-1795), Il Divortio est ouvertement présenté comme une œuvre toujours actuelle, puisque les vices du clergé « sont à-peu-près les mêmes dans tous les tems ».