27 mai 2024
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Coline Caillol et al., « Does Frankie Go to Hollywood? From American influence to articulatory phonetics: the singing pronunciation of 1980s pop artists », Anglophonia, ID : 10.4000/11qbe
Cet article s’inscrit dans la lignée de l’étude fondatrice de Trudgill sur la prononciation des chansons pop, dans laquelle il constate que certains artistes britanniques comme les Beatles ont tendance à chanter avec un accent que l’on pourrait qualifier d’américain. Avec le temps, cette influence explicite du modèle américain s'est inscrite comme un standard de prononciation dans la musique pop, devenant une variété d’anglais à part entière (Pop Song English ou PSE). L’objectif de ce travail est d’étudier ce phénomène dans le cas de la pop des années 1980, époque qui a marqué un tournant dans l’histoire de la production et de la commercialisation de la musique. Une étude quantitative de la prononciation de mots contenant un /t/ intervocalique, marqueur d’un accent américain (où une réalisation de ce /t/ en battue alvéolaire est considérée comme typiquement américaine par opposition à une occlusive alvéolaire plus britannique), a été réalisée sur une base de données de 350 morceaux choisis aléatoirement parmi les 10 albums les plus vendus de chaque année de la décennie. En dépit d'une certaine variation, la plupart des chanteurs réalisent la majorité de leurs /t/ en battue dans les productions chantées, ce qui n’est pas attesté dans leurs productions parlées. Les arguments socioculturels traditionnels relatifs à l'influence de l'industrie musicale américaine et des genres musicaux nés aux États-Unis sont présentés, étayés par les opinions des artistes eux-mêmes, recueillies dans le cadre d'entretiens disponibles sur internet. Puis, nous esquissons les contours d'une explication complémentaire de nature articulatoire, en examinant la spécificité de la voix chantée et ses contraintes inhérentes de prononciation. Nous posons l'hypothèse selon laquelle l'anglais de la chanson pop est devenu une norme de prononciation également pour des raisons phonétiques et fonctionnelles, bien qu’il reste à démontrer le fondement d’une telle idée de manière expérimentale.