Nouveau regard sur l’alimentation carnée en Provence médiévale : les apports de l’archéozoologie

Résumé Fr

Depuis quelques décennies, l’archéozoologie est devenue un acteur majeur dans l’étude des comportements alimentaires des populations anciennes. Cette discipline a ainsi contribué au renouvellement des connaissances relatives à l’exploitation et à la consommation carnée pour la période médiévale. Aussi la mise en place d’un discours entre historiens et archéologues a-t-elle permis d’éclairer la complexité de ces sociétés à travers leurs pratiques alimentaires. Plusieurs études fauniques ont été menées en Provence, principalement dans des contextes urbains (Marseille : Leguilloux, 1994 ; Rodet-Belarbi, 2011) et castraux (La Rocca de Niozelles et La Moutte d’Allemagne-en-Provence : Leguilloux, 2008, 2015) datés des Xe-XIVe siècles. Les résultats semblent indiquer, comme pour le reste du pourtour méditerranéen, que l’élevage provençal était principalement tourné vers les caprinés et plus particulièrement vers le mouton (Ovis aries). Le manque d’études comparatives et la disparité des contextes analysés pour la région n’ont cependant pas permis de caractériser cette « alimentation provençale » avec précision tout en intégrant les variations inhérentes à chaque contexte. Pour tenter d’éclaircir la place des caprinés dans l’économie de subsistance de ces populations, un ensemble de sites de même statut a été étudié. Il s’agit de six castra occupés du VIIIe au XVIIe siècle. La présente étude porte principalement sur les contextes des Xe-XIVe siècles. Ces sites sont situés entre les Bouches-du-Rhône, avec le Castrum du Montpaon (Xe-XVIIe s., Fonvieille) et les Alpes-de-Haute-Provence avec Notre-Dame (VIIIe-XIIe s., Allemagne-en-Provence), Gaubert (XIe-XVIe, Digne-les-Bains), Petra Castellana (XIIe-XIIIe s., Castellane) et enfin La Rocca (Xe–XIe s., Niozelles) et La Moutte (Xe-XIe s., Allemagne-en-Provence). Les deux derniers ensembles ont fait l’objet d’une étude plus ancienne réalisée par Martine Leguilloux (cf. supra), mais pour faciliter la confrontation des données issues des principaux castra de la région, un protocole commun a été appliqué, nécessitant une nouvelle analyse de ces corpus.Ces études sont complémentaires puisqu’elles concernent soit la demeure seigneuriale (La Moutte, La Rocca), soit la bourgade associée (Gaubert, Petra Castellana), soit les deux (Montpaon, Notre-Dame). Les résultats indiquent non seulement des spécificités dans la consommation des caprinés entre bourgade/élite et des évolutions au cours du temps, mais ils mettent également en évidence des schémas de consommation très différents de ceux généralement rencontrés pour ces contextes. Ces particularismes témoignent de comportements alimentaires variés, miroirs d’une société plurielle.

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