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Marianne Faure-Abbad, « Le choix contra legem : réflexion à partir de deux arrêts de la troisième chambre civile de la Cour de cassation », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.40eade...
Version preprint d'un chapitre de l'ouvrage Le choix des juges, Les rencontres de Thémis et Sophia (3e ed.) paru sous la direction de Hania Kassoul (LexisNexis 2024). L’article examine la pratique du contra legem par la Cour de cassation à travers deux arrêts de la troisième chambre civile, questionnant la légitimité de son rôle normatif. Laissant les arrière-plans théoriques du sujet aux philosophes et théoriciens du droit, il s’agit de réfléchir à cette pratique à tout le moins déroutante, à partir d’une discipline dont la technicité favorise une analyse dépassionnée : le droit de la construction et la jurisprudence de la troisième chambre civile de la Cour de cassation qui en connaît.Deux arrêts, publiés au Bulletin et au Rapport annuel de la Cour de cassation, servent de support analytique. D’une part l’arrêt du 15 juin 2017 qui élargit le champ de la garantie décennale des constructeurs en totale contradiction avec l’article 1792 du Code civil (arrêt contreviré depuis, c’est l’épilogue du texte). D’autre part celui du 10 juin 2021 par lequel la Cour de cassation s’emploie à justifier la requalification en délai de forclusion le délai que l’article 1792-4-3 du Code civil formule pourtant comme un délai de prescription.L’article décrit les mécanismes rhétoriques et institutionnels de légitimation de ces choix contra legem, soulignant comment la Cour de cassation, par ces interprétations audacieuses, s’affirme comme un acteur politique du droit, exerçant une fonction quasi-législative qui interroge l’équilibre des pouvoirs.