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Kouroch Bellis, « Du refus administratif de déduction de l’assiette de l’impôt sur le revenu des obligations alimentaires naturelles, ou pour l’organisation d’un appui scientifique à la décision politique: Autour de l’article 156, II, 2 CGI », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.4harzq
Sur le fondement de l’article 156, II, 2 CGI, dans sa rédaction issue de la loi de finances de 1959, l’administration fiscale, approuvée par le Conseil d’État, refuse de déduire de l’assiette de l’impôt sur le revenu les versements alimentaires qui ne sont pas explicitement prévus en tant qu’obligations alimentaires civiles par les articles 205 à 211 du Code civil. Cette interprétation est facteur de misère sociale et d’injustice flagrante. Depuis 1960, on compte une cinquantaine de questions parlementaires portant sur la question et soulignant très souvent cette injustice. Or, la disposition en question paraît devoir être interprétée différemment. Le droit civil prévoit en effet que l’obligation alimentaire naturelle devient civile lorsqu’elle est reconnue ; elle doit donc, à cette condition, faire l’objet de la déduction. En réalité, la disposition avait été à l’origine plus ou moins imposée au Parlement, qui, craignant des dérives dans la pratique administrative, l’avait supprimée à l’unanimité en commission. Après l’obtention par le Gouvernement d’un vote commun de la disposition et de l’ensemble de la réforme (majeure), le Parlement ne l’avait acceptée que sous la garantie de l’acceptation très large de déductions par l’administration, au-delà même des cas qui nous concernent directement. Or, non seulement l’administration a agi à rebours de l’esprit dans lequel les députés ont accepté la disposition, mais encore elle a indiqué dans les nombreuses réponses aux parlementaires qu’une réforme de la disposition est impossible, sous couvert d’arguments constituant une désinformation. Pendant ce temps, de nombreux contribuables, parfois dans des situations de misère, ont été injustement touchés et ont été poussés à ne pas faire preuve de solidarité et à recourir à la place aux aides sociales, ce qui cause un accroissement de la charge publique. Il s’agit donc d’un drame juridique, puisque la règle appliquée par l’administration fiscale est contraire aux intérêts matériels et moraux des contribuables concernés mais aussi à ceux de la société.Le Parlement devrait réaffirmer ses droits dans cette question précise et changer la loi pour que soit appliqué ce qui a toujours été sa volonté. D’autres mesures fiscales en faveur de la solidarité familiale ou intergénérationnelle peuvent être envisagées par la même occasion. Plus généralement, le fait qu’un tel pouvoir illégitime ait pu être exercé par l’administration pendant une soixantaine d’années appelle à l’organisation d’une meilleure information juridique et scientifique des parlementaires.