What PE does to the socialization of allophone middle school students. Anatomy of two sociological portraits between dispositionalism and contextualism. Ce que l’EPS fait à la socialisation des élèves allophones au collège. Anatomie de deux portraits sociologiques entre dispositionnalisme et contextualisme En Fr

Résumé En Fr

This article analyses how the dispositions (to be, act and think) of two allophone and migrant students are activated/ inhibited, adjusted or reinforced in relation to intra-school contextes, such as PE, in a middle school in a priority education district. Based on an ethnographic study involving five months of on-site observations and eight biographical and/or semi-structured interviews, this study explores the sociological portraits of Andrei and Eva, who have recently arrived in France. Shaped by heterogeneous lifecourse experiences as well as singular family configurations and migratory projects, these two students are endowed with plural dispositions (social, gendered, scholastic and sporting) that is unequally influenced by the subject and, more broadly, by school. At PE level, peer groups, the enveloping support provided by teachers, the use of corporal demonstrations to underpin instructions or the deployment of learning, evaluative or competitive teaching situations all have multiple effects, both in terms of putting incorporated dispositions on standby/awakening them and in terms of adjusting or reinforcing them. The juvenile sociabilities that take shape in the interstices of the school and spread in PE, as well as the socializing experiences in other subjects, also deserve to be investigated in order to grasp the full complexity of their socialization in French schools.

Cet article analyse comment les dispositions (à être, agir et penser) de deux élèves allophones s’activent/s’inhibent, s’ajustent ou se renforcent, en fonction des contextes intrascolaires, tels que l’EPS, dans un collège en réseau d’éducation prioritaire. À partir d’une enquête ethnographique couplant cinq mois d’observations in situ ainsi que huit entretiens biographiques et/ou semi-directifs, ce travail plonge dans les portraits sociologiques d’Andrei et d’Eva, récemment arrivé·es en France. Conditionné·es par des parcours de vie hétérogènes ainsi que des configurations familiales et des projets migratoires singuliers, ces deux allophones sont doté·es d’une épaisseur dispositionnelle (sociale, genrée, scolaire et sportive) inégalement travaillée par la discipline et, plus largement, au collège. À l’échelle de l’EPS, les groupes de pairs, l’accompagnement professoral enveloppant, l’usage de démonstrations corporelles pour étayer les consignes ou le déploiement de situations pédagogiques d’apprentissage, évaluatives ou compétitives, produisent des effets pluriels tant sur la mise en veille/en éveil de dispositions antérieurement incorporées, que sur leur ajustement ou leur renforcement. Les sociabilités juvéniles, qui se façonnent dans les interstices du collège et se diffusent en EPS, ainsi que les expériences socialisatrices dans les autres enseignements méritent aussi d’être sondées pour saisir toute la complexité de leur socialisation scolaire française.