2019
Cairn
Pascale May-Panloup et al., « L’embryon et ses mitochondries », Médecine de la Reproduction, ID : 10670/1.5qt4r8
Les mitochondries, présentes dans quasiment toutes les cellules eucaryotes, assurent la production d’énergie mais aussi de nombreuses autres fonctions essentielles pour la cellule. Leur particularité est de posséder leur propre génome, transmis selon un mode uniparental maternel qui implique des mécanismes très spécifiques survenant au cours de la gamétogenèse et de l’embryogenèse. Cet ADN mitochondrial, aisément quantifiable, constitue un excellent biomarqueur de la masse mitochondriale. L’ovocyte mature s’est ainsi révélé être la cellule de l’organisme la plus riche en ADNmt et la masse mitochondriale de l’ovocyte a été corrélée à sa compétence à soutenir le développement embryonnaire dans de nombreuses espèces. Le contingent mitochondrial ovocytaire initial est en effet la base sur laquelle s’appuient de subtiles modifications métaboliques nécessaires à chacune des étapes clés du développement embryonnaire précoce. La reprogrammation épigénétique est par exemple sous étroite influence des cofacteurs métaboliques issus du métabolisme mitochondrial et les espèces réactives de l’oxygène produites par la chaîne respiratoire sont des éléments essentiels de régulation de la signalisation cellulaire chez l’embryon. Cette implication mitochondriale dans les processus de reproduction a permis d’envisager l’ADN mitochondrial comme un biomarqueur de la compétence ovocytaire et de la viabilité embryonnaire, bien que les données actuelles méritent confirmation. Elle permet aussi d’envisager ces organites comme une cible thérapeutique potentielle. Cette revue fait le point sur vingt années de recherche ayant fait émerger ces concepts.