La formation à l’écrit des sourds adultes : État de la question, du terrain à la théorie, de la théorie au terrain

Fiche du document

Date

2024

Discipline
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes




Citer ce document

Marie Perini et al., « La formation à l’écrit des sourds adultes : État de la question, du terrain à la théorie, de la théorie au terrain », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.762yb4


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr

En 1998, le rapport Gillot annonçait un taux aussi alarmant que fantasque de 80% de sourdsillettrés. Si ce chiffre a pu jouer en son temps un rôle politique (témoigner de mauvaisesméthodes d’éducation, qu’il était urgent de changer), nous proposons ici, vingt ans après cerapport, de dresser un bilan à la fois pratique (retours du terrain) et théorique (perspectiveacquisitionniste, linguistique et didactique) de la question de l’accès des sourds adultes aufrançais écrit.Malgré l’absence de statistiques fiables, certains indicateurs semblent aller dans le sensd’une amélioration des compétences des sourds à l’écrit (meilleur taux d’accès à l’universitépar exemple). Pourtant, encore aujourd’hui, les difficultés persistent et les besoins ne sontpas encore suffisamment pris en compte : outils et supports pédagogiques rares etdisparates ; absence de mutualisation entre formateurs, ceux-ci oeuvrant de manière isoléeet souvent sans formation spécifique ; difficultés d’accès à la formation continue pour lessalariés sourds (difficultés à motiver la demande, à répondre aux conditions definancements, à accéder à un diplôme de langue française adapté qui valide le parcours deformation, etc.). L’analyse de ces freins à la formation est révélatrice d’un certain regardposé sur les Sourds aujourd’hui en France.Outre cet état des lieux préoccupant issu du terrain, nous proposerons une réflexion critiquesur la notion même d’illettrisme, notion stigmatisante dont on peut questionner lapertinence scientifique, pour suggérer des concepts plus opérants comme ceux de «littératie » (OCDE,1995) ou de « compétences clés » (Conseil de l’Europe, 2006), visant unpanel de compétences à maîtriser plus large que les seules compétences de lecture-écriture,et plus en phase avec les enjeux de la formation (penser en termes de compétences àdévelopper pour réussir).Sur le plan théorique, nous suivrons, à contre-courant d’un regard pathologisant sur lasurdité, l’idée forte de C. Cuxac d’une « pertinence de la surdité » (Cuxac, 2000) aux niveauxlinguistique, cognitif et identitaire, comme fil directeur de nos réflexions. Il s’agira d’abordd’adopter un regard positif sur ce que l’on appelle communément le « français sourd »,envisagé comme famille spécifique de lectes d’apprenants (Perini 2013) et permettant demieux comprendre les stratégies d’apprenant à l’oeuvre dans les productions écrites de cepublic. Nous envisagerons ensuite le champ encore largement inexploré de l’analysecontrastive LSF/français écrit et de ses implications sur l’enseignement de l’écrit aux sourds.Ce type d’enseignement, bilingue par nature, interroge en effet les structures de la LSF(modalité visio-gestuelle) en tant que langue source et sa comparaison avec le français écrit(modalité visio-graphique) en tant que langue cible. Le modèle sémiologique, fonctionnel etsémantique développé par C. Cuxac ouvre la voie à de tels travaux. Les besoins sonténormes, de nombreux phénomènes linguistiques restent à décrire pour outiller lesformateurs (connecteurs logiques, valeurs aspectuelles, traces de l’implicite, etc.)Nous rappellerons enfin l’enjeu majeur qu’il y a à faire dialoguer chercheurs et acteurs deterrain, sourds comme entendants, pour aboutir à des savoirs et des pratiques enrichis etefficaces.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en