Les Kalmouks, une population "fictionnelle" ?

Résumé Fr

La communication se proposera d’analyser, du XVIIIe siècle au XXe siècle, la présence de Kalmouks dans les fictions européennes (Angleterre, France, Russie). La communication interroge l’identité collective des Kalmouks en exploitant un corpus emprunté à différents genres (feuilleton, roman, opéra, théâtre) et à différentes langues afin d’effectuer un premier recensement des Kalmouks dans la fiction européenne, selon une perspective diachronique. Elle s’intéresse tout particulièrement aux fictions populaires qui permettent de mettre en évidence la constitution d’un type fictionnel spécifique.Elle questionne en outre la dimension fictionnelle problématique de ce collectif. Les Kalmouks sont en effet un peuple réel, localisable et descriptible, qui apparait d’abord dans la presse, les récits de voyage ou les encyclopédies, avant de gagner les territoires de la fiction. On constate que les fictions qui les mettent en scène appartiennent à des genres spécifiques, qui (se) jouent des frontières entre réalité et fiction, et mobilisent explicitement des savoirs empruntés à l’histoire et à la géographie : roman d’aventures chez Defoe (Robinson Crusoe, 1719) ou Verne (Michel Strogoff, 1876, et Kéraban-le-Têtu, 1883), fictions historiques chez Quincey (La Révolte des Tartars, 1837) ou Pouchkine (La Fille du capitaine, 1836), roman-témoignage chez Cholokhov (Le Don paisible, 1928) ou Grossman (Vie et Destin, posthume, 1980).Envisager les Kalmouks comme « population », c’est construire un discours sur l’autre. La centration du propos sur un peuple oriental implanté aux frontières de l’Occident, dans la plaine de la Volga, permettra de confronter les discours occidentaux et russes pour réfléchir à l’élaboration d’un discours ou de plusieurs discours sur le temps long.