Goûts et dégoûts pour les aliments " industriels " : des émotions politiques ?

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20 juin 2023

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Sophie Thiron, « Goûts et dégoûts pour les aliments " industriels " : des émotions politiques ? », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.90joal


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Dans la société française actuelle, les aliments dits « industriels » suscitent de nombreuses réactions : inquiétudes, doutes, colères… (Lepiller, 2012). En articulant sociologie de l’alimentation (Fischler, 1990 ; Poulain, 2002) et sociologie des émotions (Hochschild, 1983 ; Le Breton, 1998 ; Bernard, 2017), ce travail analyse la construction des émotions relatives aux différentes transformations alimentaires, et leur lien aux jugements moraux. En quoi ces émotions présentent-elles une dimension morale et politique ? Et comment le contexte social en cours influence-t-il ces émotions ? Pour étudier la construction des émotions vis-à-vis de ces aliments, des données ethnographiques ont été collectées au cours d’entretiens semi-directifs, d’observations de repas à domicile, d’observations de repas filmées dans un restaurant expérimental, puis de focus groups autour d’extraits vidéo de ces repas. Quatorze foyers de la région toulousaine ont suivi ce protocole dans son ensemble.Les goûts et dégoûts alimentaires, en partie acquis au cours de la socialisation, voient leur expression modulée selon de la situation en cours, et sont révisés au fil des expériences vécues. Ainsi, les émotions suscitées par les aliments « industriels » varient. En présentant une typologie de profils de mangeurs, nous verrons que ces émotions gustatives sont liées à des normes émotionnelles, mais aussi aux représentations sociales que le mangeur a des aliments « industriels ». Exprimer de la peur, de la colère, du plaisir ou du dégoût vis-à-vis de ces aliments est un moyen de tisser des relations, d’affirmer des valeurs, de marquer son appartenance ou son opposition à un groupe, mais aussi de communiquer des convictions face aux autres. Ces émotions mobilisent la subjectivité de par leur lien à l’idéologie et à la morale, et elles prennent une dimension politique de par les revendications et enjeux sociaux qui leur sont sous-jacents. Par exemple, ressentir et exprimer de la colère ou du dégoût peut constituer un moyen de critiquer le système agroalimentaire, la mondialisation, l’hyperconsommation, le capitalisme, ou de se positionner sur des questions environnementales et sociales. Les émotions reflètent les systèmes de valeurs et les volontés de changement social. Clamer ses goûts et ses dégoûts peut être un moyen de prôner un autre système alimentaire, et plus généralement un autre modèle social (avec des conceptions de la nature, la technique et un rapport au temps différents).

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