2024
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Yann Tephany, « La CNUDM et la lutte contre les activités illicites en mer », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/122il
Dans le dernier poème de la partie Spleen et idéal, section centrale des Fleurs du Mal,Charles Baudelaire voit dans la mer un espace d’émancipation. Moesta et Errabunda (Triste et Vagabonde) oppose frontalement les tourments de la vie terrestre aux félicités éternelles des étendues marines. Selon le poète, « la mer, la vaste mer, console nos labeurs ! », et o昀昀re une échappatoire, « loin des remords, des crimes, des douleurs ». L’appel du large est tel qu’il implore, d’une supplication réitérée par deux fois, « enlève-moi, frégate ! ». Les rêveries du poète maudit, percevant dans la mer un idéal inaccessible et fantasmé, libéré des vices et de la violence omniprésents sur la terre ferme, contrastent néanmoins avec une réalité contemporaine ne琀琀ement plus nuancée. S’il est vrai que l’espace maritime n’a jamais échappé aux agissements criminels et délictueux, la 昀椀gure séculaire du pirate en constituant un exemple topique, l’époque moderne s’illustre par la persistance, si ce n’est la recrudescence de tout un ensemble de menaces protéiformes sévissant sur les océans. Chaque semaine, une a琀琀aque perpétrée contre un navire et menée par un groupe criminel est rapportée. Tous les mois,d es saisies de stupé昀椀ants sont réalisées en mer ou dans les ports, dans des proportions de plus en plus importantes. Depuis plus d’une décennie désormais, la Méditerranée est le triste théâtre d’un tra昀椀c ignominieux de migrantsconduisant à la disparition en mer de plusieurs milliers de personnes.