2004
Cairn
Patricia Mercader et al., « L'asymetrie des comportements amoureux : violences et passions dans le crime dit passionnel », Sociétés contemporaines, ID : 10670/1.ar2zve
Cet article est basé sur une recherche qui porte sur trois cent trente-sept crimes dits passionnels en France sur une période de dix ans. Il montre que les hommes et les femmes ne tuent pas leurs partenaires amoureux (et quelques autres...) dans les mêmes circonstances ni pour les mêmes raisons, et que les hommes et les femmes qui en viennent à tuer un partenaire amoureux partagent un modèle particulier de relations. Les sociologues féministes analysent le meurtre du partenaire amoureux comme un effet extrême de la dynamique du pouvoir dans les rapports de genre, alors que les psychologues se centrent sur les aspects subjectifs de la relation d’objet. Le débat entre ces deux approches est très conflictuel. Notre étude met en évidence l’interaction complexe des facteurs sociaux, intrapsychiques et intergénérationnels dans le développement (ou, par conséquent, la prévention et le traitement) de la violence dans la sphère des relations sexuées et familiales. Toute tentative de réconcilier la recherche psychologique avec la lutte pour l’égalité, de créer des liens entre les approches féministe et clinique, doit comprendre comment la société encourage un modèle de l’amour fondé sur la fusion et l’appropriation de l’autre... car la relation entre hommes et femmes est la seule où le dominant et le (la !) dominé (dominée !) sont supposés s’aimer, et en fait s’aiment souvent, quoi que signifie l’amour pour tel ou tel individu.