Transmettre des compétences « qui ne s’apprennent pas »: étude d’un dispositif numérique d’identification et de développement des compétences douces.

Résumé En

Dans une interview publiée par les Echos.fr en mai 2015 , Bernard Ramanantsoa, Directeur Général d’HEC Paris, donne sa vision du grand patron de 2030: « L’autorité ne viendra plus du savoir, mais du savoir-être, de la personnalité, du charisme»De fait, dans un monde complexe, mouvant et hyperconcurrentiel, les organisations accordent une importance accrue au savoir-être et autres « compétences douces ». Les managers ne sont pas les seuls concernés : les salariés sont, eux aussi, incités à développer leurs compétences en général (Devos et Tasquin, 2005 ; Mohib, 2010), et leur savoir-être en particulier (Guilhaume, 2010). Cependant, alors que le consensus semble régner sur l’importance de ces compétences dites « douces », le débat est ouvert sur leur nature. Pour certains, elles relèvent de la personnalité, donc « des caractéristiques profondes et stables de l’individu » (Bellier, 2004) ; pour d’autres, elles sont des compétences au même titre que les compétences techniques et sont donc susceptibles d’évaluation et de développement (Labruffe, 2005 ; Thiberge, 2007).Pour les organismes d’enseignement supérieur, la question de l’identification et de l’acquisition des compétences douces est de taille, compte-tenu des enjeux précédemment identifiés. Néanmoins, le face-à-face pédagogique s’avère peu pertinent pour l’apprentissage de ces compétences particulières.Nous proposons donc d’étudier un dispositif pédagogique conçu et mis en place à l’EM Strasbourg. Il est destiné aux cinq cents étudiants de 1ère année de deux programmes de l’Ecole : le Programme Grande Ecole et le Bachelor. Le dispositif consiste en l’utilisation autonome d’une plateforme collaborative dédiée au développement des compétences douces (autonomie, capacité d’écoute, audace, ténacité …). L’outil numérique a été conçu selon deux modalités pédagogiques : l’apprentissage en collaboration (Vygotski, 1934 ; Perreaudeau, 2006) et l’apprentissage expérientiel réflexif (Kolb, 1984 ; Argyris, 2003).Notre étude vise à livrer une analyse de la construction et de la mise en place de cette innovation pédagogique, ainsi qu’une évaluation de ces résultats en terme d’apprentissage.