Economie et fabrique urbaine d'une extraterritorialité emblème du néolibéralisme : le cas de la zone économique spéciale d'Aqaba en Jordanie The special economic zone of Aqaba in Jordan : the economic and socio-spatial effects of an extraterritoriality emblematic of neoliberalism Fr En

Résumé Fr En

Ce travail de recherche a pour principal objet une zone franche incarnant l'un des emblèmes des politiques publiques néolibérales mises en œuvre par le Royaume hachémite de Jordanie depuis la fin des années 1980. J'ai fait le choix de positionner cet objet de recherche au cœur des logiques et des effets territoriaux du néolibéralisme, en questionnant notamment cette zone franche à travers son caractère extraterritorial. Au sein de cette zone économique spéciale de 375 km², la notion d'extraterritorialité renvoie à différentes dimensions : institutionnelle, économique ou en matière d'aménagements urbains dont la conception, le fonctionnement et les richesses créées échapperaient au territoire hôte et à ses acteurs (gouvernance publique locale, habitants, etc.). La préfiguration de la zone économique spéciale d'Aqaba a induit par exemple le recul des dispositifs démocratiques locaux (suppression des élections municipales) et la dissolution de la municipalité, remplacée par de nouvelles structures de gouvernance technocratiques pensées et structurées depuis l'extérieur (par les consultants internationaux et le gouvernement central). Derrière ces différentes dimensions de l'extraterritorialité, je soumets l'hypothèse selon laquelle il existerait un paradoxe extraterritorial entre les processus de dépossession des ressources locales d'un côté et un ancrage fort du dispositif de zone franche de l'autre, au profit d'intérêts propres aux élites économiques et politiques influentes en Jordanie. Enfin, l'architecture et l'urbanisme des grands projets ne seraient pas seulement perçus comme les symboles du renouveau d'espaces marginalisés à Aqaba, ils sont mêmes devenus emblématiques de processus de marginalisations socio-spatiales. Je tente ainsi de rendre compte des effets socio-territoriaux causés par le développement de ces grands projets qui vont concerner le plus souvent les populations locales les plus fragilisées. En effet, la construction de plusieurs grands projets urbains a impliqué la démolition de certains quartiers historiques de la ville et le déguerpissement ou le déplacement contraint des habitants orientés vers des solutions de relogement en périphérie de la ville.

The main object of this research work is a free zone embodying one of the emblems of the neoliberal public policies implemented by the Hashemite Kingdom of Jordan since the end of the 1980s. I opted to place this research object at the heart of logics and territorial effects of neoliberalism, especially I queried this free zone through its extraterritorial character. Within this special economic zone of 375 km², the notion of extraterritoriality refers to different dimensions: institutional, economic or urban development of which the design, operation and the wealth created would escape the host territory and its actors (local public governance, inhabitants, etc.). The foreshadowing of the Aqaba special economic zone, for example, led to the local democratic systems decline (abolition of municipal elections) and the dissolution of the municipality, replaced by new technocratic governance structures designed and structured from the outside (by international consultants and central government). Behind these different dimensions of extraterritoriality, I postulate that there exists an extraterritorial paradox between local resources dispossession processes on the one hand and, a strong anchoring of the free zone system on the other, in favor of influential economic specific interests and political elites in Jordan. Finally, architecture and urban planning of major projects would not only be seen as symbols of the renewal of marginalized spaces in Aqaba, they have even become an iconic image of socio-spatial marginalization processes. I thus try to account for the socio-territorial effects caused by the development of these major projects which will most often affects the most vulnerable local populations. Indeed, several large urban projects constructions has involved the demolition of some historic districts in the city and the eviction or forced displacement of inhabitants towards alternative housing in the outskirts of the city.

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