2019
Marie Vrinat-Nikolov, « L'espace littéraire bulgare au XIXe siècle : plurilinguisme d'écriture, monolinguisme de l'historiographie littéraire », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.bswx18
La littérature de l’espace littéraire bulgare s’inscrit dans un cadre monolingue et nationale : le canon littéraire ne retient que les textes écrits en bulgare. Ce monolinguisme, qui recouvre en réalité trois principaux états de langue, considérés comme les états d’une seule et même langue, est le résultat de la standardisation effectuée au XIXe siècle au détriment d’un grand nombre de variantes considérées comme dialectales. Comme dans la plupart des pays d’Europe, il est le corollaire de l’émergence de l’idée nationale, au milieu du XIXe siècle. Or, l’Empire ottoman, dont firent partie les territoires bulgares pendant cinq siècles, était l’opposé d’un État-nation : les gouvernants ottomans n’interdirent pas les langues locales, ils n’imposèrent pas non plus l’usage et l’enseignement du turc. Nombre de livres et de journaux écrits ou dirigés par des chrétiens et des juifs furent imprimés dans leurs langues à Istanbul. Ces deux tableaux contradictoires – d’une part, celui d’une historiographie littéraire bulgare toujours concentrée sur l’espace national et ne connaissant que le monolinguisme, d’autre part, celui d’un État multilingue, multireligieux et multiethnique au sein duquel vivaient, évoluaient et se déplaçaient entre autres des Bulgares – suscitent plusieurs questions : quelles langues parlait-on et écrivait-on au XIXe siècle sur les territoires bulgares de l’Empire ottoman puis dans la Bulgarie indépendante ? À partir de quand le monolinguisme s’est-il imposé ou a-t-il été imposé ? À partir de quand le discours historiographique s’est-il fermé sur l’espace et la langue nationales ?