2014
Cairn
Alain Joxe, « Le bout du rouleau et la démocratie », NAQD, ID : 10670/1.cl4igv
Hypothèse : l’exploitation, comme un marché global d’addictions, des besoins élémentaires de survie, naguère placés sous le contrôle modérateur d’un État plus ou moins « protecteur » (même si c’est au sens ambigu de la protection offerte par les souteneurs aux prostituées), mène à des catastrophes globales. Les marchandisations globalisées de l’alimentation, de l’habitat, de l’éducation, de l’emploi, mènent pour des raisons spéculatives à multiplier les famines, les sans abris, les illettrés, les délocalisations et/ou le chômage et la fuite de familles entières sur des lignes d’émigration clandestine. Par destruction de la sécurisation du temps long des vies humaines, la version spéculative de la marchandisation des services engendre des psychopathologies de masse, et prépare activement les conditions d’émergence d’une guerre globale, pulvérisée en versions locales « démocidaires » sur l’ensemble des sociétés. Cette « guerre » se chargerait de maîtriser la révolte des différents niveaux d’esclavages, confédérés dans la globalisation.Cette représentation de l’avenir est d’ores et déjà assez claire, pour un certain nombre de mouvements d’opinion, écologistes, communautaristes, socialistes ou religieux, pour qu’il soit possible d’imaginer que le néolibéralisme ne pourra jamais plus aboutir à cette forme finale : l’addiction globale et la répression globale accompagnant un fascisme prédateur par l’usure, l’endettement sans monnaie concrète et sans limite et détruisant nécessairement l’environnement.