19 mars 2025
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Natacha Buffet et al., « Une intervention-recherche pour transformer le rapport subjectif des directions à leur activité de travail », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.e1cbf1...
La France compte plus de 48000 directions d’école primaire. L’exercice de la direction dans le premier degré est particulière puisqu’assuré par un.e professeur.e des écoles qui assume également des missions d’enseignement en classe. Leur activité de travail est ainsi complexifiée par le cumul de missions différentes, une identité professionnelle double (Duchauffour, 2013) ainsi qu’un positionnement ambivalent au sein de l’équipe enseignante de l’école : l’enseignant·e directeur·rice détient uniquement une autorité fonctionnelle pour la prise de décisions d’ordre administratif (MEN, 2021, 2023).La direction d’école primaire exerce ses missions dans un réseau complexe et avec une autonomie restreinte : pour nombre de décisions, elle ne peut agir sans l’aval du supérieur hiérarchique (IEN) ou même sans les mairies, propriétaires des locaux et employeur de certains personnels exerçant dans l’école. Et pourtant les responsabilités portées par les directions primaires sont similaires à quelques exceptions près à celles des chef·fes d’établissement du secondaire (Roaux, 2021). Les situations de travail complexes et inattendues sont leur quotidien (Duchauffour, 2017). Dans un tel contexte, le soutien à apporter à ces personnels est crucial d’autant que leur santé est en jeu avec 40% des directions primaires en situation d’épuisement professionnel (Fotinos et Horenstein, 2018). Or, les rares recherches consacrées à la formation de ces directions montrent que celle-ci, focalisée sur la gestion administrative de l’école, ne leur donne pas les moyens d’assurer leurs responsabilités (Bargeton, 2021 ; Lemoine, 2022 ; Abraham et al., 2024).C’est dans ce contexte qu’une intervention-recherche visant le développement du pouvoir d’agir des directions primaires sur leur activité travail a été mise en place et dans une perspective de santé au travail. Conduite dans le cadre d’un projet doctoral, l’intervention-recherche s’inscrit dans une approche culturelle et historique du développement humain (Vygotski, 1934/1997, 1931/2014) et une théorie psychologique de l’activité (Léontiev, 1976, 1975/2021). Elle mobilise les méthodes d’Instruction au Sosie (IS) (Oddone et al., 2015), d’autoconfrontation simple (ACS), croisées (ACC) (Clot, 2017) et collectives (ACCo) pour formaliser l’expérience subjective vécue au travail, favoriser le développement des significations ainsi qu’une reconfiguration du rapport subjectif de la direction à son activité, à la tâche prescrite, aux autres etc. Dix-huit directions d’école primaire de la Nièvre, volontaires et aux profils hétérogènes (contexte d’exercice varié : école rurale, en réseau d’éducation prioritaire etc. ; expériences variées) ont participé durant deux années au dispositif. Celui-ci s’est déployé autour des IS (8 cycles d’IS) et ACCo (8 ACCo) mises en place lors des temps de regroupement du collectif et autour des ACS et ACC (au nombre total de 24) mises en place en dehors des regroupements collectifs. L’analyse des données audio vidéo des IS et des autoconfrontations permettent de présenter les résultats suivants : un premier résultat porte sur la manière dont les directions primaires réorganisent leur activité pour répondre aux attentes liées à leurs responsabilités en tant que directeur·rice tout en assumant également celles liées aux enseignements en classe. Le second résultat montre la façon dont les directions se saisissent des dialogues pour faire évoluer leur rapport aux familles.