Pour une démocratisation de la séparation des pouvoirs de Montesquieu : l’« Unité d’action » de Condorcet

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Si l’organisation des pouvoirs, promue par l’esprit de modération de Montesquieu, consiste moins à séparer les pouvoirs qu’à les faire collaborer, elle conduit néanmoins à une séparation qui ne dit pas son nom. Sa technique de la séparation des pouvoirs s’appuie sur une distinction sociale et politique entre gouvernant et gouverné pour maintenir le peuple souverain séparé du pouvoir. Contrairement aux fins décrites par Montesquieu et soutenues par ses successeurs démocrates, la séparation des pouvoirs n’est pas un levier de libéralisation ou de démocratisation du pouvoir, mais un frein. Révolutionnaire et critique d’un esprit de modération anti-populaire, Condorcet propose une organisation du pouvoir configurée pour une démocratie représentative. Sous le nom de « l’Unité d’action », il défend une articulation constitutionnelle capable de réconcilier ce que la séparation des pouvoirs divise en déplaçant l’axe de collaboration entre gouverné et gouvernant en faveur du peuple souverain.

If the organization of powers, promoted by Montesquieu’s spirit of moderation, consists less in separating the powers than in making them collaborate, it nevertheless leads to a separation that does not say its name. His technique of separation of powers relies on a social and political distinction between the governments and the governed to keep the sovereign people separate from the exercise of power. Contrary to the ends described by Montesquieu and supported by his democratic successors, the separation of powers is not a lever for the liberalization or democratization of power, but a brake. As a revolutionary and critic of a spirit of anti-grassroots moderation, Condorcet proposes an organization of power tailored to the needs of a representative democracy. Under the name of “Unity of action”, he promotes a constitutional articulation able to reconcile what the separation of powers divides by shifting the axis of collaboration between those who govern and those who are governed in favour of the sovereign people.