Gentrifier l’altérité : diversité et blanchité dans les restaurants du quartier du canal Saint-Martin à Paris

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2024

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Jiyoung Kim, « Gentrifier l’altérité : diversité et blanchité dans les restaurants du quartier du canal Saint-Martin à Paris », Espaces et sociétés, ID : 10670/1.g58cv8


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Le phénomène de gentrification rime souvent avec l’éloge de la « mixité sociale » des habitants, ainsi que de la « diversité » des commerces de proximité. Dans ce contexte, comment cette dernière est-elle construite et travaillée par les entrepreneurs ? À partir d’une enquête de terrain menée entre 2017 et 2020 sur les restaurants du quartier du canal Saint-Martin, situé dans le Xe arrondissement de Paris, l’article a pour but de mettre en lumière le processus de construction de la diversité, allant de pair avec la construction d’une altérité (in)acceptable. Nous étudions d’abord le travail de blanchité réalisé par les entrepreneurs minoritaires racisés qui ouvrent un restaurant représentant leur propre origine ethnique et/ou nationale. En tant que groupe minoritaire dans l’Hexagone, l’identification entre leur origine et l’offre culinaire oscille entre les frontières internes et externes d’une conception de soi traversée par l’expérience du racisme. Contrastant avec cette première vision, l’article s’intéresse ensuite au travail réalisé par les entrepreneurs blancs, racialisés comme groupe majoritaire et issus de classes supérieures, qui ouvrent des restaurants dont les offres culinaires représentent une culture « extra-occidentale ». Ce contraste permet d’élucider le mécanisme de la construction d’une altérité (in)acceptable, qui s’articule avec les rapports sociaux de classe et de race.

Gentrification often goes hand in hand with positive rhetoric about a socially mixed population and local business diversity. This raises the question of how diversity is applied and practiced by entrepreneurs. Drawing on a case study on restaurants in the Canal Saint-Martin neighbourhood in Paris, this article sheds light on the ongoing process of constructing diversity, entailing the production of an (un)acceptable otherness. It begins by looking at the effort of whiteness undertaken by restaurant owners from racialised minorities who supply dishes representing their own ethnic or national origin. As a minority group in France, the identification between their origins and the food they supply fluctuates between the internal and external boundaries of a conception of self based on the experience of racism. From a contrasting perspective, the article goes on to look at the work undertaken by White restaurant owners, racialised as a majority group from a more privileged social background, who open restaurants that propose dishes representing “extra-occidental” culinary culture. This contrast elucidates the mechanism involved in the construction of an (un)acceptable otherness, which reflects social relations of class and race.

El fenómeno de gentrificación rima a menudo con el elogio a la «mezcla social» de los habitantes, así como la «diversidad» de los comercios de proximidad. En este contexto, ¿cómo esta última es construida y trabajada por los empresarios? Apoyado en un trabajo de campo realizado entre 2017 y 2020 en restaurantes del barrio del Canal Saint-Martin, situado en el distrito 10 de París, el artículo tiene como objetivo arrojar luz sobre el proceso de construcción de la diversidad, que va de la mano de la construcción de la alteridad (in)aceptable. Estudiamos primero el trabajo de blanquidad realizado por los empresarios de minorías racializadas que abren un restaurante que representa su propio origen étnico-nacional. En tanto que grupo minoritario en Francia, la identificación entre su origen y la oferta culinaria oscila entre las fronteras internas y externas de una concepción de sí mismo a través de la experiencia del racismo. En contraste con esta primera visión, el artículo se interesa a continuación por el trabajo realizado por empresarios blancos, racializados como grupo mayoritario y procedentes de las clases altas, que abren restaurantes cuya oferta culinaria representa una cultura «extra occidental». Este contraste permite dilucidar el mecanismo de construcción de una alteridad (in)aceptable, que se articula con las relaciones sociales de clase y raza.

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