L’analyse des rationalités opérant chez les étudiants en « éducation et enseignement » sur une question socialement vive : outil de formation et ingénierie didactique. Exemple de la pénalisation du cannabis en Tunisie.

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15 novembre 2019

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Olivier Morin et al., « L’analyse des rationalités opérant chez les étudiants en « éducation et enseignement » sur une question socialement vive : outil de formation et ingénierie didactique. Exemple de la pénalisation du cannabis en Tunisie. », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.l4a0g1


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Dans un monde incertain et une réalité très complexe, les enseignants sont souvent démunis pour aborder des questions complexes porteuses d’incertitudes, alliant les questions, à la fois d’ordre scientifique, social, politique et notamment éthique (Simonneaux, 2017). Confronté à ce « réel », la pratique des enseignants en est certainement influencée. L’étude des QSV (questions socialement vives) nous paraît très pertinente pour aborder ce « réel complexe ». Nous avons choisi de réaliser une étude socio-épistémologique d’une QSV d’une grande valeur éducative (santé, citoyenneté, valeurs, etc.) liée au contexte tunisien : "la pénalisation du cannabis". Le cannabis, une drogue devenue répandue en Tunisie depuis un moment, constitue un objet d'étude très complexe, nécessitant une pluralité d’approches interdisciplinaires (Dany et Apostolidis, 2002). En effet, l’avènement de nouveaux savoirs scientifiques et collectifs sur les drogues, et l’arrivée de nouveaux moyens de communications collectifs (audiovisuel, réseaux sociaux, etc.) ont conduit à la complexification de l’objet « drogue » au sein de la société (Dany, 2008). L’objet « drogue » apparaît ainsi polymorphe, complexe, polysémique et polémique. Il constitue, à travers sa nature et les mécanismes psychosociaux qui le déterminent, un objet d’étude pertinent dans le cadre d’une analyse psychosociale. (Dany et Apostolidis, 2002). Le sujet d'étude choisi nous a permis d’étudier les postures épistémologiques (rapport à la science, au risque, à la loi, valeurs, etc.) des étudiants en « éducation et enseignement » (futurs-enseignants au primaire) par rapport à cette QSV. Cette analyse socio-épistémologique pourrait être un outil de formation des étudiants et des enseignants en formation afin « d'appréhender la complexité des controverses » et « de développer leur réflexivité ». (Simonneaux, 2017). Au cours de ce travail, notre objectif a été, dans un premier temps, d’appréhender les univers représentationnels du cannabis. L’étude des représentations sociales des étudiants en « éducation et enseignement » au sujet du 51 cannabis, par la méthode de l’évocation spontanée, a montré l’existence de plusieurs registres interprétatifs oscillant entre le moral, le social, le juridique et le médical. Ces résultats confirment des études précédentes des représentations sociales des étudiants grecs sur les drogues (Katerolos, 2003). Le cannabis, plus que les autres drogues, occupe une place particulière. La singularité du cannabis dans le paysage social tunisien des psychotropes tient à sa position « ambivalente » dans ce paysage. Cette spécificité se nourrit du statut juridique de cette substance (son usage n’est pas autorisé), de son statut social (large diffusion et consommation), de son acceptabilité (une relative tolérance des individus à son égard) ou encore de sa perception dans la société. L’objet « cannabis » se trouve ainsi dans un carrefour de plusieurs univers représentationnels différents (le plaisir, l’interdit, le moral, etc.) et dénote de l’existence de plusieurs perceptions. L’étude des représentations sociales de la drogue chez les jeunes grecs montre que la substance illicite est un objet à la fois attirant et dangereux sans contradiction cognitive interne (Katerolos, 2003). L’ambivalence de l’objet « cannabis » et la multitude des univers représentationnels autour de cet objet justifie notre recours à la démarche de Gérard Fourez (2001, 1997) pour construire des îlots interdisciplinaires de rationalités (IRI). Partant des différentes représentations sociales des étudiants mobilisant les regsitres interprétatifs juridiques, médicaux, sociaux et éthiques, nous avons développé un questionnaire permettant de déterminer leurs postures épistémologiques par rapport à la pénalisation du cannabis. Ce questionnaire a permis ainsi de préciser le rapport à la loi, à la science, au risque et aux valeurs. Notre analyse socio-épistémologique de la controverse de la pénalisation du cannabis nous a permis de repérer plusieurs types rationalités, pouvant être en conflit (conflit de rationalités) ou se rejoindre (compossibilités) (Lavelle, 2006). Par conséquent, nous avons pu réaliser une cartographie de la controverse basée sur les paradoxes argumentatifs des étudiants. L’usage du logiciel SPSS par tris croisés a confirmé l’absence de corrélations entre plusieurs questions dont nous attendions qu’elles soient corrélées, ce qui atteste de la présence d’un conflit de rationalités (Lavelle, 2006).

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