2020
Cairn
Philippe Guignet, « Inégalités sociodémographiques et spatiales dans le Valenciennois et le Douaisis aux XIXe et XXe siècles. L’enseignement de quelques indicateurs démographiques et fiscaux », Revue du Nord, ID : 10670/1.pwxgsu
M. Guignet a établi une série de cartes choroplèthes en choisissant une série de points d’observation chronologique en 1830-1831, 1891, 1936 (du moins pour la démographie) et l’an 2000. Il met en œuvre des données fournies par les recensements et les sources fiscales (série P des Archives départementales du Nord, base de données IRCOM 2000 mise en ligne par la Direction générale des finances). Ces cartes font apparaître des contrastes qui ont évolué à la suite des transformations industrielles allant s’accélérant à partir du deuxième tiers du xixe siècle, puis connu une recomposition sous l’effet de la désindustrialisation des dernières décennies du siècle. Dans le domaine de la géographie des populations, les changements les plus notables ont lieu entre 1830 et la fin du xixe siècle. En 1831, dans le Douaisis, les densités communales se répartissent relativement harmonieusement dans l’espace. En 1891, Douai et sa banlieue, ainsi que le pays de Somain-Aniche se renforcent sans qu’il y ait encore d’uniformisation des densités entre ces deux pôles. Dans le Valenciennois en 1831 la moitié méridionale de l’arrondissement n’est pas densément peuplée. En 1891, le pays de Denain sous peuplé au début du siècle s’affirme au premier plan des densités. En 1936, les zones de forte pression démographique dessine déjà un croissant continu allant sur 40 kilomètres d’Onnaing à l’est du Valenciennois jusqu’au nord-ouest de Douai. En 1999, la redistribution des fortes densités aboutit à des ajustements réels, mais localisés. La distribution spatiale des quotités fiscales par habitant compose des sous-ensembles territoriaux cohérents. Certes la fiscalité directe du xixe siècle avec les « quatre vieilles » est par nature bien différente d’un dispositif dominé par l’impôt sur le revenu instauré en 1914. Cette réforme profonde n’interdit pas les comparaisons à condition d’y introduire les nuances qui s’imposent. L’ampleur des transformations depuis la monarchie de Juillet est ce qui frappe le plus. À l’orée du xixe siècle les communes peu ou prou aisées forment trois ensembles bien constitués situés à la périphérie des deux arrondissements. Le cœur du territoire allant de Waziers / Sin-le-Noble au pays de Condé regroupe des entités communales au standing fiscal péjoré par la déprise industrielle qui se développe depuis les années 1970.