Donner à voir le complexe et le sensible. La représentation comme vecteur d’exploration des gares. (Se) Représenter l’espace-temps : visualisations et cognitions d’un monde mobile

Fiche du document

Date

8 juin 2022

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes

Licence

http://creativecommons.org/licenses/by-nc/


Résumé Fr

Ayant grandi dans le IXe arrondissement de Paris, j’ai eu l’occasion de pratiquer la gare Saint-Lazare de bien des manières : comme plateforme de transport bien sûr, mais aussi comme lieu de sortie, de travail, de restauration, de repos ou encore, comme simple raccourci dans mes déplacements quotidiens. Pourtant, si je regarde le bâtiment dans son entièreté, il reste de nombreux espaces que je n’ai jamais explorés et une part non négligeable dont je n’ai même pas connaissance.Le constat corollaire est qu’il n’existe pas une gare, objective et uniforme, mais une multitude d’espaces enchevêtrés et définis selon les ressentis de chaque individu. De ce fait, les visuels tentaculaires sous les traits desquels nous sommes habitués à voir les lieux de transit (par exemple, dans Mangin et al., 2016) m’apparaissent en décalage avec les expériences des usagers qui les arpentent. En accord avec les travaux de Bollnow [1963], j’aspire à une prise de distance vis-à-vis de la tradition cartographique euclidienne pour tenter d’éprouver le caractère sensible des cheminements de chacun. Par ailleurs, les espaces et éléments mobiliers ont une capacité de suggestion – leurs formes et leur agencement encouragent ou inhibent certaines pratiques – mais ils ne sont jamais que des invitations qu’il convient à chacun de saisir ou non, selon ses envies et ses capacités (Gibson, [1979]). Selon moi, cette diversité des possibles ne transparaît que trop peu dans la traduction spatiale officielle.Plutôt que de chercher à représenter un « environnement » unique, il serait donc fécond de réfléchir à des formes de représentation plus proches des « milieux » vécus par les usagers (Uexkull, [1934]) et des pratiques effectivement constatées en gare. Afin de rendre compte d’une variété de réalités co-habitantes, la représentation développée sera attentive aux variations des rythmes et des temporalités propres à chaque usager de la gare (Gwiazdzinski et al., 2017).Ce chantier – dont fera état mon éventuelle communication – contribuera à la mise en lumières de frontières subjectives (spatiales mais aussi temporelles ou cognitives) mais non moins infranchissables pour ceux qui les perçoivent. Dans une perspective interactionnelle, il permettra également d’observer les rivalités et complémentarités d’usages en divers emplacements.En cela, ma réflexion doit concourir à rendre les gares plus hospitalières pour les usagers payants mais aussi pour les autres-que-clients, voire pour les autres-qu’humains. Principales références bibliographiques :Aït-Touati, F., Arènes, A., & Grégoire, A. (2019). Terra forma : Manuel de cartographies potentielles. B42.Bollnow, O. F. (2011)[1963]. Human space (C. Shuttleworth & J. Kohlmaier, Trad.). Hyphen.Gibson, J. J. (2014)[1979]. Approche écologique de la perception visuelle (O. Putois & C. Romano, Trad.). Dehors.Gwiazdzinski, L., Drevon, G., & Klein, O. (2017). Introduction. In Chronotopies. Lecture et écriture des mondes en mouvement. (p. 16-21). Elya.Uexküll (von), J. (2010)[1934]. Milieu animal et milieu humain (C. Martin-Freville, Trad.). Payot et Rivage.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Exporter en