2018
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Richard Jacquemond, « La traduction en arabe du roman mondial (1991-2015). Jalons pour une enquête », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.wc4069
Cette contribution, qui fait suite à d’autres consacrées à la traduction arabe contemporaine, propose un éclairage sur un aspect particulièrement négligé de ce champ d’étude : celui de la production romanesque traduite en arabe, en se concentrant plus particulièrement sur la période récente (depuis le début des années 1990). Le choix du roman est dicté par plusieurs raisons. D’abord, c’est une des formes écrites les plus aisées à isoler au sein de la production éditoriale ; ensuite, c’est celle qui de nos jours circule le plus aisément entre les diverses aires linguistiques . Enfin, au cours de la seconde moitié du XXe siècle, le roman s’est imposé comme le genre dominant au sein du champ littéraire arabe, lequel a, ce faisant, suivi l’évolution du canon littéraire mondial. Logiquement, c’est d’abord dans le centre égyptien du champ arabe que cette domination s’est imposée (parallèlement à la domination des industries culturelles égyptiennes dans la même période, et notamment celles de l’édition et du cinéma), avant de gagner les autres pôles culturels régionaux (Liban et Syrie, Palestine, Irak) puis de s’imposer dans ses périphéries (Maghreb, péninsule Arabique). Sans qu’il y ait concomitance parfaite entre ces différents mouvements, l’émergence du roman national dans les différents pays arabes a partie liée avec l’émergence d’une production éditoriale nationale dans ces mêmes pays ; dans le même sens, l’existence de cette dernière est la première condition nécessaire au développement du livre traduit. Le choix de la période la plus récente amène donc à envisager un champ éditorial arabe multipolaire, même si les pôles cairote et beyrouthin y restent dominants (quantitativement, et par le capital symbolique accumulé dans l’histoire moderne).