2012
Cairn
Danièle Toubert-Duffort, « Apprendre en groupe, apprendre du groupe ? », Cliopsy, ID : 10670/1.wqkne7
Cette recherche tente de préciser les enjeux d’un travail en groupe, pour des adolescents handicapés moteurs, scolarisés dans l’une des unités d’enseignement d’un Institut Médico-Educatif. À quelles conditions, pédagogiques, cliniques, peuvent-ils tirer profit des situations collectives proposées par leur enseignant afin, non seulement d’apprendre à plusieurs, en groupe, mais également d’apprendre de l’expérience collective ? Notre recherche, menée sur dix-huit mois, s’est effectuée avec un groupe-classe constitué de sept jeunes âgés de treize à seize ans, et une équipe mobilisée plus largement dans une redéfinition de son action éducative et pédagogique. Nous nous sommes intéressés à l’expérience subjective des adolescents, en particulier à ce que mobilise en chacun l’entrée dans un nouveau groupe, à partir de l’analyse d’entretiens individuels. L’expérience collective constitue toujours une expérience singulière. Elle est confrontation à d’autres, potentiellement hostiles. La figure de l’enseignant, internalisée, peut être sécurisante ou bien au contraire insécurisante. Les effets de présence en groupe, quels que soient la tâche et le lieu, réveillent aussi pour chacun des rapports antérieurs de rivalité fraternelle, des éprouvés fratricides. Ainsi le groupe est-il potentiellement à la fois l’espace-temps du rêve fraternel, mais également celui du fratricide. L’oscillation entre fraternel et fratricide peut être activée, sinon excitée, par l’enseignant lui-même, à son insu.