La politisation de l’alimentation ordinaire par le marché

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14 juin 2019

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Olivier Lepiller et al., « La politisation de l’alimentation ordinaire par le marché », Revue des sciences sociales, ID : 10.4000/revss.3901


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Les grandes entreprises de l’alimentation de masse font aujourd’hui face à des critiques, à une défiance croissante et à un tassement de leurs parts de marché. Si les dimensions politiques de l’assiette engagée des militants et de l’assiette caritative des pauvres et des aidés ont été pointées dans la littérature, celles de l’assiette ordinaire de la consommation de masse ont été peu abordées. Cet article dépeint l’évolution de la défiance, en France et aux États-Unis, depuis une cinquantaine d’années, et ses effets visibles dans les transformations de l’offre alimentaire, à travers le recyclage, par les industriels, des critiques à leur endroit. L’article donne à voir un processus qui conduit à une visibilité croissante des dimensions politiques de l’alimentation industrielle de masse – au sens de la multiplication des choix par lesquels l’alimentation connecte et insère les mangeurs dans un système social et technique. En effet, le recyclage de la critique conduit à une diversification des qualités : modes de production, origine et nature des matières premières. Cette diversification souligne indirectement l’opacité des marques historiques et de l’alimentation de masse. La contingence des choix qui guident leur production en devient plus apparente. Le rapport critique, voire conflictuel, à l’alimentation industrielle de masse devient ainsi moteur d’une politisation de l’alimentation ordinaire. Cette réintroduction du politique dans le marché témoigne de la dimension constructive de la défiance.

The world’s largest food corporations have been losing market share, faced with criticism and mounting consumer mistrust. While previous scholarship has demonstrated the political dimensions of, what we call, the engaged plate of food activists and the charitable plate offered to the poor, the politics of the ordinary plate of mass consumption have been largely overlooked. This article considers the evolution of distrust in France and the United States over the past 50 years, analyzing the visible effects which these transformations have had on the food supply, as the food industry has recycled the critiques it has received. The article investigates a process through which the political nature of eating has become increasingly visible within the mass industrial food system – in the sense that choices have multiplied regarding how food connects eaters and concretely positions them in social and technical systems. The food industry’s responses to criticism have resulted in the diversification of labels advertising production methods and the origin of ingredients. This diversification indirectly highlights the opacity of the historically powerful food companies. The contingency of the choices that guides their production becomes more apparent. The critical, or even conflictual relationship between eaters and the food industry has thus become a driving force behind the politicization of everyday eating. This reintroduction of the political dimension into the market is proof of the constructive nature of distrust.

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