Multiculturalité et santé mentale à l’école en temps de pandémie

Résumé Fr

Lors d’une étude sur l’enseignement des sciences en contexte multiculturel au Brésil pendant le Covid-19, nous avons identifié des expressions d’anxiété et de dépression lors d’entretiens exploratoires, selon la Triade d’Enquête Interculturelle (Kidman, Yen et Abrams, 2013), réalisés par vidéo-conférence auprès d’un échantillon de taille 14 représentatif des 228 élèves d’un lycée agricole. Cet échantillon multiculturel est constitué par 4 sujets de milieu urbain, 5 sertanejos, 4 indigènes et 1 quilombola. Entre 2011 et 2018, la population de ce lycée est ainsi composée de 54,8% urbains, 34,2% sertanejos, 8,8% indigènes et 2,2% quilombolas. Les données construites ont été traitées dans le cadre de l’Analyse Statistique Implicative (A.S.I.), pertinent pour analyser des données issues d’échantillons restreints. L’A.S.I. vise à établir des relations non-symétriques entre les composantes binaires représentées par un réseau nommé graphe implicatif construit à l’aide du logiciel C.H.I.C.7 au niveau de confiance défini par la valeur de l’intensité d’implication choisie ici supérieure à 0.70. Il s’agit de relations de quasi-implication du type « Si A est observé alors la plupart du temps B l’est aussi » (Gras et al, 2017). Les variables retenues sont « culture », « connaissances traditionnelles », « genre », « difficultés socioéconomique », « souffrance psychique »Ici, pour l’interprétation du graphe implicatif, nous nous limitons aux résultats suivants. Être du genre féminin semble conduire à manifester des signes d’anxiété et de dépression. La contribution majeure à cette quasi-implication vient du groupe utilisant les connaissances traditionnelles. Les expressions de souffrance psychique semblent manifestées plutôt chez les sujets de cultures sertanejas, indigènes et quilombolas qui, dans la salle de classe, font référence aux connaissances traditionnelles. Être en difficulté socioéconomique semble conduire aussi à tenir des propos dont les contenus manifestent des signes psychiques.De là nous concluons que, durant la pandémie, appartenir aux cultures minoritaires du contexte de Salgueiro au Brésil a pu constituer un facteur de risque pour la santé mentale des élèves de ce lycée agricole. Cela va dans le sens d’études officielles. Ainsi l’Organisation Panaméricaine de Santé (OPS) concernant la promotion de la santé mentale des indigènes montre que les peuples autochtones sont davantage exposés à des risques de perturbation de la santé mentale du fait d’une imposition de la culture dominante à l’école. L’Association de Conseil Scolaire des États-Unis a aussi reconnu l’influence des facteurs : genre féminin, conditions sociales de pauvreté et sub-cultures marginalisées, sur le développement de troubles psychiques.

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