L’enseignant au carrefour d’un double partenariat. Les relations avec les familles et avec d’autres professionnels

Résumé Fr

Dans un contexte où travailler avec d’autres adultes, professionnels ou profanes, fait désormais pleinement partie des pratiques pédagogiques de l’enseignant, notamment au sein de l’enseignement prioritaire, ce chapitre entend étudier comment les deux principales formes du partenariat pour l’enseignant – avec les familles et avec d’autres professionnels – se développent en parallèle, dans une optique comparative. Nous cherchons à repérer comment ces formes s’entrecroisent, tant dans la manière dont elles sont pensées que dans leurs mises en œuvre. Quelles sont les perspectives, modalités ou pratiques qui leurs sont communes ou divergentes ? A partir de plusieurs recherches ethnographiques menées au sein de l’enseignement primaire genevois, nous constatons que malgré la profonde imbrication de ces deux formes, le partenariat avec les autres professionnels correspond davantage à l’idéal vers lequel le partenariat est censé tendre. Il est plus directement orienté vers l’action ; l’engagement des acteurs se réalise sur un mode plus libre et volontaire ; les partenaires reconnaissent une complémentarité de leurs rôles et une interdépendance de leurs registres d’expertise. A contrario, le partenariat avec les familles ne présente pas d’emblée les protagonistes dans une position symétrique, partageant des intérêts communs et disposant de ressources et de capacités à agir équivalentes. De plus, le caractère obligatoire et contraint des modalités de la pratique rend difficile, voire impossible, un engagement libre, volontaire et réciproque. Bien qu’à inégale distance d’un partenariat idéal, l’insatisfaction des enseignants concernant cette part de leur activité met l’accent sur le côté imparfait des deux formes de partenariat. Les enseignants attendent une réciprocité qui ne peut prendre place, dans le premier cas parce que les parents ne sont pas réellement considérés comme des partenaires, dans le second parce qu’ils peinent à trouver leur « juste » place parmi d’autres acteurs professionnels plus rodés au partenariat interinstitutionnel. La position intermédiaire de l’enseignant (maillon et messager) rend sa pratique particulièrement inconfortable.

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