31 janvier 2024
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Dominique Alvarez, « L’auto-positionnement des enseignants débutants pour repérer des besoins en formation. Une enquête dans l’académie de Toulouse », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.b3ca16...
119 stagiaires à mi-temps et 175 stagiaires à plein temps de l’académie de Toulouse Midi-Pyrénées ont répondu à une enquête en ligne dès le début de leur année universitaire 2021/ 2022. Ils·elles enseignent en responsabilité dans une classe et suivent, en parallèle, une formation professionnelle à l’INSPE. Ancrée dans l’épistémologie didactique clinique (Carnus & Terrisse, 2009 ; Carnus, 2021), cette enquête par questionnaire invite les répondant·e·s à s’auto-positionner sur chacune des compétences que les professeur·e·s, professeur·e·s documentalistes et conseiller·ère·s principales·aux d'éducation sont supposés maîtriser pour l'exercice de leur métier (BO 25 juillet 2013). Ainsi, ces 294 professeur·e·s stagiaires estiment leur niveau entre 0 (je ne pense pas posséder les rudiments de la compétences) et 4 (je pense être en mesure de démontrer ma capacité à mobiliser cette compétence y compris dans un contexte professionnel complexe et difficile). L’éducation nationale française considère qu’une maitrise satisfaisante se situe au niveau 2 (je pense maîtriser suffisamment les bases de cette compétence pour agir de façon autonome). Cette communication présente les écarts, d’une part, entre les attentes de l’institution et l’auto-positionnement des professeur·e·s stagiaires et, d’autre part, entre les deux types de public en formation. Nous mettons également l’accent sur les variabilités existantes entre les différentes compétences et les deux types de stagiaires. Pour cela, une analyse statistique descriptive est privilégiée autour des moyennes des auto-positionnement. Nous montrons comment les stagiaires à temps complet se pensent plus compétents (sur les 19 compétences étudiées) par rapport aux stagiaires à mi-temps, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de master MEEF. Ainsi, il semble que la formation dispensée à l’INSPE participe de la construction d’un « je professionnel » (Aulagnier, 2003 ; Jourdan, 2009) plutôt moteur chez ces nouveaux·elles enseignant·e·s. En effet, les stagiaires à temps plein se positionnent toujours au-dessus du niveau 2. Ils déclarent avoir une maitrise suffisante de l’ensemble des compétences (ce qui est postulé par l’institution), hormis celles liées à la coopération avec les partenaires de l’école (moyenne CCPPE 13 = 1,5). En parallèle, la maitrise des bases est jugée majoritairement insuffisante (niveau 0 et 1) par les stagiaires en responsabilité à mi-temps, pour 15 des 19 compétences (moyenne entre 0,6 et 1,7). Par exemple, la moitié d’entre eux, considère ne pas avoir les compétences pour prendre en compte la diversité des élèves et plus de la moitié (67 %) estime avoir besoin de soutien et de conseil pour coopérer avec les partenaires de l’école. Ces stagiaires à mi-temps se positionnent au-delà d’une maitrise minimale (niveau 2) seulement sur quatre compétences : pour faire partager les valeurs de la république (moyenne 2,1), pour maitriser la langue française à des fins de communication (moyenne 2,3), pour utiliser une langue vivante étrangère dans les situations exigées par son métier (moyenne 2,1) et pour maîtriser la langue française dans le cadre de son enseignement (moyenne 2,1). C’est sur la maitrise d’une langue étrangère que l’écart entre les stagiaires à mi-temps (moyenne 2,1) et les stagiaires à temps complet (moyenne 2,7) est le plus faible (écart de 0,6) alors que la compétence sur laquelle l’écart est le plus élevé (1,8 de différence) concerne la faculté d’agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques. Ces constats interrogent la formation des enseignants en pleine tourmente en France depuis 2008. En effet, certains résultats corroborent les travaux relatifs aux tensions vécues dans les métiers de l’humain (Bodergat & Buznic-Bourgeacq, 2015) et méritent d’être particulièrement soulevés. Par exemple, plus du tiers (38%) des professeur·e·s stagiaires à mi-temps pense ne pas maitriser les savoirs disciplinaires et leur didactique (alors que la plupart sont titulaires d’un master disciplinaire) contre 15% des stagiaires à temps complet. La moitié des stagiaires à mi-temps (49%) déclarent ne pas se sentir capable (niveau 0 et 1) de construire, mettre en œuvre et animer des situations d’enseignement apprentissage, contre 1/5ème des stagiaires temps plein. Ils sont pourtant en pleine responsabilité devant leurs élèves…L’enjeu stratégique de cette communication sera de pointer les besoins exprimés par les deux catégories de formés et permettra de cibler les modules de formation à élaborer pour accompagner le développement professionnel du stagiaire.