On pourrait poser l’hypothèse que, dans la mémoire collective belge, tout rapport à l’Allemagne fut soigneusement amnésié après l’invasion de 1914 pour plusieurs décennies. Comment expliquer, par exemple, que le terrain de l’émigration antifasciste allemande et autrichienne après 1933 n’ait été que...
Le présent article poursuit deux objectifs : il s’agit premièrement, de mettre à jour la logique de la représentation qui est au fondement de l’écriture traditionnelle de l’histoire littéraire, concevant la littérature comme un reflet de l’identité nationale en chemin vers elle-même et vers une com...
Musil présente la particularité d'être reconnu comme un grand auteur de la littérature autrichienne par les spécialistes et d'avoir connu un large succès avec L’Homme sans qualités et surtout Les désarrois de l’élève Toerless, son premier roman, dont Volker Schlöndorff a tiré un film récompensé au F...
Musil présente la particularité d'être reconnu comme un grand auteur de la littérature autrichienne par les spécialistes et d'avoir connu un large succès avec L’Homme sans qualités et surtout Les désarrois de l’élève Toerless, son premier roman, dont Volker Schlöndorff a tiré un film récompensé au F...
Je me sens toujours un peu perdu quand je quitte Vienne... Lors de sa parution en 2004, le roman Ohnehin de Doron Rabinovici a été accueilli par la critique comme l’une des nombreuses contributions de la littérature autrichienne après 1945 au persistant problème de la Vergangenheitsbewältigung – ter...
C’est un fait incontestable : le groupe d’écrivains rassemblés sous l’étiquette Das Junge Wien (La Jeune Vienne) a joué, dans l’histoire de la littérature, un rôle primordial pour la réputation de la littérature autrichienne – on pourrait même dire pour la prise de conscience, notamment en France, q...
Ilse Aichinger aurait eu cent ans le 1er novembre 2021. Très célèbre dans les pays de langue allemande, elle reste peu connue en France, malgré la traduction d’une partie de son oeuvre.Conçue à l’Université de La Réunion à l’occasion de ce centenaire, cette exposition présente pour la première fois...
Ilse Aichinger aurait eu cent ans le 1er novembre 2021. Très célèbre dans les pays de langue allemande, elle reste peu connue en France, malgré la traduction d’une partie de son oeuvre.Conçue à l’Université de La Réunion à l’occasion de ce centenaire, cette exposition présente pour la première fois...
L’œuvre de Thomas Bernhard a longtemps été lue comme un monochrome en noir, reflet d’un pessimisme d’inspiration baroque, renforcé par un nihilisme typiquement moderne. Cependant, entre Frost, le premier roman, et Auslöschung. Ein Zerfall, le dernier, une évolution est perceptible, qui va de l’extrê...
« Ist es eine Komödie ? Ist es eine Tragödie ? » Thomas Bernhard I. La volonté de la volonté En même temps que s’impose à l’esprit des personnages la nécessité d’une nouvelle science de la nature, le contenu de celle-ci reste encore insaisissable et à définir. On pressent qu’elle doit sortir des lim...
« C’est ainsi que nous voyons le monde, nous le voyons à l’extérieur de nous-mêmes et cependant nous n’en n’avons qu’une représentation en nous. » René Magritte I. La philosophie en question Alors que la littérature traditionnelle conçoit le rapport de la fiction et de la réalité comme un rapport ha...
De sensation qui donne naissance à l’œuvre, l’irritation en devient le nœud gordien autour duquel se met en place une éthique de l’art repérable, de Frost à Auslöschung, dans l’évolution du désespoir vers une dédramatisation qui passe par le rire. Bien plus que simple marque d’humeur, l’irritation s...
« Je ne suis rien. Je ne serai jamais rien. Je ne peux vouloir être rien. À part ça, je porte en moi tous les rêves du monde. » Fernando Pessoa A un premier niveau d’analyse il est apparu que l’irritation naissait de l’enfermement du moi sur lui-même. En quête de vérité, de perfection et d’accord...
« Politique de la vie. Le réel est toujours dans l’opposition. » Paul Valéry I. Le défi de l’irritation Thomas Bernhard fait peser sur l’âme de ses personnages une douleur d’exister, une incompréhension et un désespoir face à la mort qu’ils contribuent eux-mêmes à intensifier et à exaspérer par la r...
Dans l’histoire littéraire autrichienne, Thomas Bernhard est fréquemment placé parmi les « oiseaux souilleurs de nid » (Nestbeschmutzer). Si son œuvre a fréquemment été étudiée sous cet angle, la métaphore ornithologique n’a pratiquement jamais été interrogée, alors même que l’association entre le p...
From time to time, some old, long forgotten image suddenly emerges, unsolicited and for no apparent reason, from the picture gallery of a memory stretching back over many, many years, and springs to life. A ray of sunlight shines on it, colours we thought were faded revive, and the subject of the im...
(A church. The candles on the altar have been lit. Above the altar there is a large black wooden cross. In front of it, on the steps, a man in rags, barefoot, with a worn, tormented expression. He is leaning on one arm, which rests on the altar.) The priest (in his vestments, enters through the open...
In the well tempered glass-house When I was a small child there was a cuckoo clock in the hallway across from my bedroom. I was very fond of it and never tired of hearing it. One night, however, the beloved clock played me a nasty trick. I was awakened from a deep sleep by a dull sound and started w...
Dear Doctor: When you left my cell an hour ago, you were extremely irritated and told me angrily that no one would be able to make any sense of what I had been saying; that my violent outbursts were making things even more difficult for you; and that in light of my behaviour it had become impossible...
Every evening, when the residents of the boarding house, with unshakable optimism, tried to turn on the radio, the landlady appeared and, with a deep sigh, said: “Do give the machine a rest.” Miss Brington — no one knew her by her first name; she was one of those people from whom one gets the impres...
Fig. 1: George Grosz, illustrations for Hermynia Zur Mühlen, Was Peterchens Freunde erzählen (Berlin: Malik-Verlag, 1924). Clockwise: front cover, p. 4, p. 25, and facing p. 17. Fig. 2: Heinrich Vogeler, illustrations for Hermynia Zur Mühlen, Es War Einmal und Es Wird Sein (Berlin: Verlag der Jugend...
Once upon a time there was a big, rich country, where quiet and order always reigned. Although in this country too there were rich and poor and the poor were exploited by the rich, not a word of complaint was ever heard, let alone grumbling or threats. The King sat on his golden throne, fat, well-fe...
“Auch sie war unglücklich gewesen, kränklich und zart, aber welche Kraft sprach dennoch aus ihren Werken.” [She too had been unhappy, sickly, and frail, but what strength came through in her writings.]Hermynia Zur Mühlen on the poet Annette von Droste-Hülshoff in Unsere Töchter die Nazinen Hermynia...
The conditions in which Our Daughters the Nazi Girls (Unsere Töchter die Nazinen) was written, published, and subsequently banned, are briefly described in the essay “Remembering Hermynia Zur Mühlen” which follows this chapter. Zur Mühlen and her life’s partner Stefan Klein both gave their own accou...
By June the little girl was beginning to count the days until the vacation. At eight years of age, she had made the discovery that all days are not equally long. Toward the end of the holidays, they rush by like crazy, faster than horses, faster than cars — but just before the holidays they creep al...