La crise de la vache folle : « psychose », contestation, mémoire et amnésie

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2003

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Estelle Masson et al., « La crise de la vache folle : « psychose », contestation, mémoire et amnésie », Connexions, ID : 10670/1.5fe9c1...


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Résumé En Fr

Crises associated with food safety and the consecutive drops in consumption have often been referred to as « food scares » or « food panics » or even, in the french media, « collective psychosis ». They have typically been described as irrational in view of the scientific, probabilistic evaluation of risk. Empirical work conducted on the occasion of the second BSE crisis ( 2000-2001) showed that consumers did not just perform an evaluation of risk. They also displayed disgust, moral judgments and outrage and they were sometimes led to make manifest their disapproval of some aspects of the contemporary socioeconomic order. Data from four focus groups and a national survey on a representative sample of 1000 subjects collected in January of 2001, still at a high point in the crisis, show that subjects often describe quitting beef following the mad cow crisis as an act of protest or even a boycott. Between November 2001 and the Spring of 2001, interviewees were highly indignant against the use of MBM (Meat and Bone Meal) in animal feed and complained that « herbivores have been turned into carnivores ». A few months later, participants in focus groups seemed to habe « forgotten » why they once boycotted beef. They now seemed to have internalized the view that the crisis was panic and irrationality and they indiscriminately mixed images from this crisis with those from other ones, such as the foot and mouth disease epidemic or the first BSE crisis. Collective memory replaces individual memory.

Les phénomènes de crises alimentaires et la chute des consommations qui les accompagne sont fréquemment décrits, en particulier dans les médias, comme des manifestations « d’irrationalité » (peur, panique, « psychose »), sans rapport avec le risque « réel » évalué selon des critères probabilistes. Des travaux empiriques menés à l’occasion de la deuxième crise de la « vache folle » ( 2000-2001) montrent que les citoyensconsommateurs ne se bornent pas à évaluer les risques : dégoût, jugement moral, indignation, réprobation les conduisent parfois à la contestation de l’ordre socio-économique contemporain. Les données recueillies à l’occasion de quatre focus groups et d’une enquête approfondie par questionnaire téléphonique sur échantillon national représentatif en janvier 2001, soit « à chaud » pendant la deuxième crise dite de la vache folle, montrent que les personnes interrogées justifient souvent leur abstention de consommation par une protestation ou une révolte, présentée éventuellement comme un véritable boycott. De novembre 2000 au printemps 2001, les interviewés manifestent une grande véhémence contre l’utilisation des farines animales ou le fait qu’on ait « transformé des herbivores en carnivores ». Mais quelques mois plus tard, les participants à des focus groups semblent avoir « oublié » pourquoi ils ont un temps boycotté le bœuf. Ils restituent à leur tour un discours de « psychose collective » rebrassant et agrégeant les images de cette crise et celles d’autres crises (fièvre aphteuse). La mémoire individuelle a fait place à la mémoire collective.

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