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Pascal Pansu et al., « Le biais d'auto-évaluation de compétence scolaire Risque ou opportunité pour la réussite des élèves ? », HAL-SHS : sciences de l'éducation, ID : 10670/1.wkvg9t
Les croyances de compétence peuvent être chez certains élèves un frein et chez d’autres un atout pour l’acquisition des apprentissages fondamentaux indispensables à leur avenir scolaire et social. Le programme SchoolBias s’est focalisé sur les jugements que les élèves ont de leur propre compétence scolaire, en particulier sur la différence entre leur potentiel réel et l’évaluation qu’il font de leur compétence. Cette différence rend compte du biais d’auto-évaluation de compétence scolaire. Ce biais peut être positif (surestimation de sa compétence scolaire) ou négatif (sous-estimation). Le programme comprend deux niveaux d'analyse distincts. A un niveau intra-individuel (élève), il s’agissait de recueillir des informations sur la dynamique des biais d’auto-évaluation de compétence scolaire(positif et négatif) et leurs effets sur les apprentissages fondamentaux à différents niveaux de la scolarité. A un niveau inter-individuel (jugement de l'enseignant), nous avons étudié comment les enseignants jugeaient les élèves ayant une évaluation biaisée, positive ou négative, de leur compétence scolaire. Enfin, nous avons étendu l’examen de l’impact de ces croyances à d’autres cultures.Vingt-deux études, toutes conduites en situation ordinaire de classe, ont été réalisées. Ces études ont impliqué plus de 5000 élèves de niveaux scolaires variés (de l’école élémentaire au collège) et plus de 200 enseignants. Elles ont combiné aussi bien des approches longitudinales (analyses de trajectoires développementales) et transversales que des devis expérimentaux et corrélationnels. Une méthode d’entretiens cognitifs structurés adaptée aux enfants a aussi été utilisé afin d’analyser les schémas de pensée des élèves biaisés positivement et négativement. L’examen des croyances de compétence desélèves dans différentes cultures (Chine, France, Québec et Russie) a également nécessité de mobiliser une méthodologie de validation transculturelle des échelles et plus largement du matériel utilisé. Les résultats des analyses de trajectoires montrent d’abord clairement que, dès le milieu d’école élémentaire, les élèves peuvent présenter un biais d’auto-évaluation dans une matière fondamentale, sans fatalement le présenter dans d’autres matières. Ils soulignent donc l’importance de considérer, non seulement, le biais d’auto-évaluation de compétence scolaire à un niveau global mais aussi spécifique. Ils indiquent ensuite que, toutes choses égales par ailleurs, surévaluer sa compétence scolaire est bénéfique à l’élève alors que la sous-estimer est délétère pour son ajustement scolaire, et ce tout au long de la scolarité. Au niveau intra-individuel, les élèves qui se surestiment sont plus motivés, s’auto-régulent bien, sont plus actifs dans leurs apprentissages et réussissent mieux que leurspairs biaisés négativement. Au niveau inter-individuel, apparaissant plus en conformité avec les attentes du système scolaire, les enseignants leur accordent une plus-value et les jugent mieux que les autres. Ce pattern se retrouve aussi dans d’autres systèmes culturels. Enfin, on observe un manque de discernement des enseignants quant aux élèves biaisés positivement et négativement qu’ils ont du mal à identifier correctement.En conclusion, ce travail invite les acteurs du milieu éducatif à mieux saisir la complexité des évaluations de soi des élèves et leur implication dans les apprentissages des élèves et le jugement des enseignants. Il ouvre aussi des pistes de réflexions pour améliorer la prise en charge des élèves ayant des perceptions irréalistes négatives d’eux-mêmes.